Altruisme – Acte désintéressé ?

  • Membre Inconnu

    Membre
    30 mai 2019 à 12 h 59 min

    Un article très intéressant sur le sujet et qui reflète bien la complexité des champs de culture de l’Altruisme.

    Est-ce un Acte réfléchi ? En ce qui me concerne non, bien évidemment ; il est spontané, il s’impose naturellement à moi.

    https://www.cerveauetpsycho.fr/sd/psychologie-sociale/l8217altruisme-est-il-de-l8217egoisme-cache-7910.php

  • jasper

    Membre
    30 mai 2019 à 18 h 58 min

    Je ne parlais pas d’intéressement @Etienne31, mais de désintéressement. Les deux mots ne me semblent pas exactement opposés. En tout cas, pour moi, désintéressement veut dire “détachement de tout intérêt personnel”. Enfin, c’est bien la définition que j’ai retrouvée dans le dictionnaire en vérifiant que je ne faisais pas un contresens.

    Or, si on se place dans le modèle des neurosciences, et en particulier des neurosciences sociales,  on a observé que les actes altruistes provoquent un bienfait à la personne qui les réalise :  cf un article pour donner un fil à tirer à ceux que ça intéresse, et qui analyse à quel point l’altruisme améliore le sentiment de bien-être, la santé et la longévité. (demandez a Google scholar : “Altruism, happiness, and heath: it’s good to be good” Stephen G. Post 2005)

    Il y aurait donc bien un intérêt personnel dans l’action altruiste. Et il me semble que cette idée a sa place dans un thread, “altruisme et désintéressement”.

    Ceci dit, je suis tout à fait d’accord qu’être altruiste est idéalement la qualité de ceux qui donnent sans attendre de récompense extérieure. Il faut juste remarquer qu’il ne faut pas toujours se fier aux apparences, il y a beaucoup de comportements qui se justifient par ‘le bien des autres’ alors qu’ils correspondent à des motivations très personnelles. Il s’agit alors d’une apparence d’altruisme, mais, comme disait je ne sais plus qui, “si on gratte le vernis, on trouve de l’égoïsme”. Je pense que c’était un peu la question sous-jacente dans la controverse qui est apparue lors du  repas à l’origine de ce post.

    Et comme j’adore mélanger les trucs compliqués, je me fais un plaisir de basculer sans vergogne du paradigme ‘Neurosciences sociales’ à celui de ‘Morale de l’action’, car il me semble qu’au final l’altruisme a quelque chose à voir avec la morale. Prenons le domaine de la morale religieuse: lorsque certaines religions instrumentalisent la crainte de la mort (et son contrepoison : la promesse d’un paradis) pour appuyer des injonctions morales comme  “aime ton prochain comme toi même”,  j’ai du mal à voir de l’altruisme désintéressé dans certains comportements aux apparences très pieuses, là où il n’y a que la panique de ne pas avoir droit à sa place au Paradis.

    Pour conclure : Parfois, l’altruisme affirmé n’est qu’une réaction ultra individuelle pour ne pas griller en enfer, et est souvent limitée à certains domaines très circonscrits, juste pour faire du Paradise-Washing de vies très très peu désintéressées par ailleurs.

  • jasper

    Membre
    30 mai 2019 à 19 h 24 min

    merci @filledelair d’être réapparue enpostant ton article. Il m’a ramené à un article de Matthieu Ricard qui détient sûrement la version originale de ma citation a propos du vernis :

    “Grattez un peu la peau d’un altruiste et voyez saigner l’hypocrite”

    Voilà l’article :

    https://www.matthieuricard.org/blog/posts/l-hypothese-faite-par-daniel-batson-d-un-altruisme-veritable

    qui reprend en quelque lignes un livre très enrichissant, à lire absolument.

     

     

  • Membre Inconnu

    Membre
    31 mai 2019 à 11 h 12 min

    Merci@jasper ! L’altruiste “pathologique” qui vit en moi, ne pouvait que “réapparaître” sur  la pointe des pieds sur ce fil en s’appuyant sur cet article, pour maintenir l’équilibre…

    “Comment savoir si une personne dite altruiste n’agit pas simplement pour ressentir le sentiment de fierté que lui procure l’accomplissement d’un geste bienveillant ? En vérifiant qu’elle sera tout aussi satisfaite si quelqu’un d’autre vient en aide.

    Pour un véritable altruiste, c’est le résultat qui compte, non la satisfaction personnelle d’avoir aidé.
    Matthieu Ricard (Plaidoyer pour le bonheur)

  • Membre Inconnu

    Membre
    31 mai 2019 à 13 h 01 min

    Côté Neurosciences et pour tisser le lien avec l’empathie…tout est profondément relié en fait.

    Altruistes et psychopathes, leur cerveau est-il différent du nôtre ?

    Abigail Marsh s’est demandée ce qu’il en était des personnes situées à l’autre bout du spectre : les altruistes extrêmes, des gens pleins de compassion qui se portent par exemple volontaires pour donner un de leurs reins à une personne inconnue.

    Ce qu’elle a trouvé est remarquable: les altruistes extrêmes surpassent tout le monde dans la détection de l’expression de la peur chez les autres.

    Et dans le même temps, ils font des choses que tout le monde considère comme très courageuses.

    Depuis cette découverte, plusieurs études ont confirmé que la capacité à reconnaître la peur chez les autres prédisait mieux les attitudes et comportements altruistes que le genre, l’humeur ou le degré de compassion déclaré par les gens.

    Mieux encore, Abigail Marsh a montré que l’amygdale droite des altruistes extrêmes était plus grosse que la normale, d’environ huit pour cent. Et cela est resté vrai même avoir tenu compte d’un autre facteur assez inattendu, à savoir que le cerveau des altruistes est plus gros que la moyenne !

    Alors, pourquoi la peur ?

    La réponse normale de l’amygdale aux expressions de peur ne semble pas être une réponse à une menace ou à un danger, mais plutôt une forme atavique, profondément ancrée, d’empathie.

    C’est là où un autre lien remarquable établi par Abigail Marsh permet de mieux comprendre ce qui se passe. Quand une personne, notamment une mère, voit le visage d’un bébé (ou a un contact physique avec quelqu’un d’aimé), cela déclenche la libération dans le cerveau d’un neuropeptide appelé ocytocine qui suscite l’attention pour les autres et plus particulièrement pour ses proches.

    L’ocytocine est présente dans l’amygdale et pourrait servir à transformer la tendance instinctive à fuir lorsqu’on détecte la peur ou la détresse sur le visage des autres en désir de s’occuper d’eux.

    Alors quel rapport entre le visage des bébés et la peur ? Parmi toutes les expressions que peut prendre le visage d’un être humain, celle qui ressemble le plus à celui d’un bébé est précisément la peur.

    Des yeux effrayés sont grand ouverts, comme ceux du bébé.

    La peur se marque aussi par des sourcils relevés et qui s’abaissent sur les côtés, une bouche arrondie et abaissée, une mâchoire inférieure rétrécie et fuyante.

    Il semble donc que lorsqu’ils voient quelqu’un d’effrayé les altruistes réagissent de la même manière que nous à la vue d’un bébé en détresse et qu’il nous prend alors l’envie de le protéger et d’en prendre soin.

    La libération d’ocytocine semble en effet un déclencheur de la montée de l’empathie et du soin.

    Même si aucune technique ne permet encore de la mesurer directement dans le cerveau humain, les recherches ont déjà montré que le fait de vaporiser de l’ocytocine dans le nez (laquelle se propage rapidement au cerveau) provoquait non seulement une augmentation du soin et de la confiance à l’égard des autres, mais aussi une meilleure reconnaissance de la peur.

    Abigail Marsh a donc fait l’hypothèse fascinante que les altruistes ont non seulement une capacité accrue à reconnaître la peur, mais aussi que leur système de libération d’ocytocine dans le cerveau est très sensible et déclenche l’envie de venir en aide aux gens qui ont peur.

    Abigail Marsh a confirmé que les altruistes extrêmes sont des gens qui élargissent considérablement le cercle des personnes qu’ils prennent en considération.

  • Membre Inconnu

    Membre
    31 mai 2019 à 19 h 41 min

    @jasper => je deviens psychorigide dès lors qu’un individu refuse de reconnaître ses propres fautes.
    Limite acerbe en apparence, mais c’est juste une question de clarification en réalité. Et comme tu le dis, en citant un fameux boudhiste, en grattant un petit peu … on découvre bien des choses ! (j’extrapole hors du principe d’altruisme en généralisant)
    Tu as écrit “[…] mais toujours pour avoir une récompense”
    Ce qui est donc synonyme d’intéressement.

    Il n’y a aucun doute que faire le bien procure du bien. Mais il n’y a pas forcément “rercherche” et “calcul” de cela. On le fait naturellement sans se poser de question. C’est l’empathie, la sensibilité aux souffrances et joies d’autrui qui entre en compte. Ressentir l’autre. Altruisme. Tout cela corrèle parfaitement finalement.
    Et effectivement, puisqu’il est question d’empathie, on conviendra, je l’espère, l’acceptation aussi bien d’un altruisme cognitif, plus intellectuel et conscient, en plus d’un altruisme empathique.
    C’est à dire que l’on sait (ou on croit savoir), sans forcément ressentir l’autre, qu’il faut agir d’une façon ou d’une autre pour le bien de toutes et tous. Et donc on affiche un “pseudo altruisme” qui peut avoir des tenants et aboutissants de plusieurs ordre. Réellement désintéressé, car on n’attendra rien en retour, comme cela pourrait intéressé, car on cherche quelque chose en retour (peu importe la nature de ce que l’on attend en retour).
    Une personne qui fait preuve de courtoisie, ou de générosité calculé, cela ressemble à de l’altruisme, mais en réalité n’en est pas.

    @filledelair => Re – bienvenu parmi nous !
    Tu écris “les altruistes extrêmes surpassent tout le monde dans la détection de l’expression de la peur chez les autres.
    Et dans le même temps, ils font des choses que tout le monde considère comme très courageuses.
    “.
    Des sources scientifiques à ce sujet ?
    C’est intéressant, car cela me correspond parfaitement. Je ne me sens cependant ni touché ni flatté pour autant. Même au delà, il n’y a pas “que” la peur que je ressens immédiatement chez autrui. Parfois des émotions très subtile et a peine perceptible, car chaque individu ne dégage pas non plus de la même façon, mais plus l’émotion est forte, plus le question d’immédiateté est réalité.
    J’ai remarqué que les personnes “timides” avaient, spécifiquement, un halo autour d’elles qui semble à les pousser à la fuite lorsqu’on se rapproche trop. Ce n’est pas exactement une émotion, mais plus une portée émotionnelle plus importante que la moyenne, de la “lecture” (perception) que j’en fait.

    Encore une fois, cette sensibilité pousse inconditionnellement à une forme d’altruisme, même si parfois maladroitement.

    D’ailleurs, si un jour j’écris un livre sur le sujet, il portera le titre “cette souffrance qui n’est pas la mienne” très certainement.
    Avec des tuyaux, astuces et exercices pour s’en prémunir tout en dévellopant cette merveilleuse capacité.
    Bien sûr, ce sera un livre “open source”, car chercher à être payer pour soigner les gens, cela s’apparente à de la perversion.
    Tout comme ces lois dans notre société qui incitent au crime (il y en a foule), au lieu de favoriser une belle société harmonieuse.

  • Membre Inconnu

    Membre
    31 mai 2019 à 19 h 43 min

    Ah j’ai trouvé un article :
    https://www.pourlascience.fr/theme/altruisme-compassion/dans-le-cerveau-des-psychopathes-16798.php

    Mais c’est quand même très orienté…

  • Membre Inconnu

    Membre
    31 mai 2019 à 20 h 21 min

    En complément à l’extrait de l’article précédent;

    https://www.ted.com/talks/abigail_marsh_why_some_people_are_more_altruistic_than_others/transcript?goback=.gde_1830899_member_277410621&language=fr

    @etienne : https://www.science-et-vie.com/archives/neurologie-egoisme-et-altruisme-se-lisent-dans-notre-cerveau-32000

    Notre potentiel “altruisme” semble donc être connecté à notre potentiel “empathie”… nous en revenons toujours à cette capacité non clairement identifiée de “ressentir les autres” et de se mettre à leur place instinctivement et surtout Naturellement.

  • jasper

    Membre
    31 mai 2019 à 22 h 54 min

    Je  sort un peu du sujet, ou plutôt je me satellise un peu,  mais je pense que ça vous intéressera d’écouter une petite conférence  sur les recherches concernant la manière donc on intériorise les émotions ressenties par l’autre.

    al conférence commence par les “neurones miroirs” qui font qu’on reproduit avec les muscles les mouvements qu’on voit, et finit avec le partage d’émotions entre moi et l’autre. (“la contagion émotionnelle”)

    https://www.youtube.com/watch?v=kjPsl-iYk7o

    Attention quand même, il existe une empathie cognitive, qui permet de comprendre la douleur de l’autre. Les manipulateurs – et apparemment les psychopathes – savent utiliser cette information, (selon le modèle de la théorie de l’esprit) et une empathie émotionnelle où l’on ressent la douleur (avec une intensité différente de celle de la vraie victime, car c’est modulé par la proximité sociale qu’on a etc etc…) qui serait plutôt celle de l’empathie. (et, indirectement, de la compassion).

    Le mot “sympathy” en anglais correspond à peu près à l’empathie cognitive : compréhension cognitive de l’émotion de l’autre.

     

  • jasper

    Membre
    31 mai 2019 à 22 h 57 min

    Merci @filledelair, je ne me rappelais pas de ce crible pour détecter le  véritable altruisme. Encore une confirmation que Mathieu Picard est vraiment passionnant à lire. Le mélange de pragmatisme et de sagesse qui ressort de ce qu’il dit est toujours très enrichissant.

     

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