Répondre à: Intelligence individuelle et intelligence collective

  • azerty_querty

    Membre
    13 janvier 2022 à 23 h 05 min

    @joelliberte13

    Bonsoir,

    Les chercheurs avancent plusieurs hypothèses/théories liées à notre évolution biologique. Nous sommes actuellement des animaux sociaux, probablement parce que les individus solitaires ne se sont pas aussi bien reproduits que les autres, et/ou se sont fait niaquer plus tous seuls qu’en groupe, car faut bien reconnaître qu’entre un tigre est nous, le tigre tout seul s’en tire beaucoup mieux que le primate… entre autres parce qu’il niaque les primates 😆 et devine quoi, le tigre n’est pas un animal social… cela dit ça n’explique pas tout, car parmi les grands fauves, il n’y pas que des solitaires (exemple, les lions).

    Mais il pourrait y avoir d’autres raisons darwiniennes à une évolution vers un comportement social. Et puis je te donne ça de mémoire, j’espère ne pas raconter trop de conneries, si quelqu’un peut être plus précis/rigoureux que moi sur ce sujet, qu’il n’hésite pas 🙂

    Toujours est-il que des expériences multiples en psychologie sociale ont montré que non seulement nous nous comportons comme des animaux sociaux (pour le meilleur et pour le pire), mais que cette caractéristique nous pré-dispose grandement au conformisme.

    Pour mieux comprendre ces mécanismes, je te mets ici une mine d’or d’introduction à la psy. sociale et des exemples d’expériences détaillées et commentées :

    https://www.hacking-social.com/

    https://www.youtube.com/c/horizongull/videos

    Les vidéos sont très bien faites, même si parfois un peu fastidieuses (lentes) à mon goût mais c’est parce qu’ils cherchent à être très clairs et très précis, donc je ne peux pas leur en vouloir.

    Par contre je te conseille de les visionner dans l’ordre, car elles se répondent, se prolongent de l’une à l’autre.

    Ce que j’ai retenu, aussi, c’est que le conformisme est un mécanisme plus complexe que juste se plier à la norme sans la remettre en cause.

    Quand on se trouve dans la situation de donner son avis/faire un choix après d’autres (sur le même sujet), et en connaissant ce que les autres ont dit/fait, les dires/faits des autres influent sur nous.

    Parfois on ne s’en rend carrément pas compte : on était indécis, on voit ce que disent/font les autres, on peut écouter leurs arguments/justifications, ça nous paraît convaincant et on adopte leur point de vue.

    Alors que livrés à nous-mêmes, nous aurions suivi notre propre cheminement, et notre conclusion aurait pu être différente.

    La connaissance de la norme peut court-circuiter notre esprit critique et notre indépendance de jugement.

    Mais plus fort : on ne connaît pas encore l’avis des autres, on doit donner le sien en 1er : on le fait en toute indépendance et sincérité.

    Puis les autres donnent majoritairement un avis contraire.

    -> dissonance cognitive : notre évolution biologique nous pousse à vouloir être/rester intégré dans le groupe.

    On peut être sûr de chez sûr qu’on a raison, et conserver son avis, mais pour les apparences, pour ne pas ‘déranger’, on va prétendre adopter l’avis du groupe (on appelle ça du suivisme). C’est une posture conformiste, qui ne change rien à ce que l’on pense, mais qui permet d’être accepté/intégré par le groupe car conforme.

    Pour le groupe, on est politiquement correct.

    Pour soi-même, on est en souffrance, car devoir prétendre être d’accord avec un avis contraire au nôtre crée une dissonance cognitive: on se voit comme lâche, hypocrite, voire imposteur, et selon l’ampleur du phénomène, dans l’espace (combien de fois/jour, sur combien de sujets ?), et dans le temps (depuis combien d’années ?) -> piège du faux-self.

    Mais on peut aussi avoir très peu confiance en soi : on était certain d’avoir raison, mais l’avis de la majorité nous déstabilise, nous fait douter au point de nous faire changer d’avis, même si on ne comprend pas pourquoi cet avis majoritaire est le bon.

    Après tout, la notion de vérité est toute relative, n’est-il pas orgueilleux de considérer que son avis est juste, quand on est contredit par tant d’autres ?

    Si on est quelqu’un d’honnête, qui place le doute au centre d’une démarche de recherche sincère de plus d’objectivité (on sait bien qu’elle n’existe pas en tant que telle, mais ça n’empêche pas de tenter de tendre vers elle), confronter ses avis/arguments à ceux des autres, en particulier quand ils diffèrent du nôtre, est très sain.

    Et camper sur ses positions tout seul face à une majorité, qui peut très bien avancer des arguments convaincants, ça peut être en effet assez bête.

    Alors on suit, plus par doute de son propre jugement que par conformisme réel.

    Et puis il y a les vrais conformistes, ceux qui refusent d’émettre/former un avis personnel avant les autres, car la seule chose qui les intéresse, c’est d’être dans la norme.

    Bon là j’avoue sur la fin j’ai un peu outrepassé la psychologie sociale pour me lancer dans une réflexion plus personnelle sur le conformisme en général.

    Mais les deux 1ers cas sont bien réels, eux.