Répondre à: L’intelligence rend-elle rétif à l’autorité ?

  • Membre Inconnu

    Membre
    18 mai 2021 à 16 h 13 min

    En relisant mon dernier message, je m’aperçois que j’étais en mode rageux ahah

    Ma patience vis-à-vis de la connerie et la manipulation s’est réduite comme peau de chagrin. Surtout quand il s’agit des anciens penseurs que j’ai étudiés et que j’admire énormément. Quoi qu’il en soit, ça me fait bizarre de voir quelqu’un parler du Logos, tellement c’est rare. Donc bienvenue au club @kimanh et merci pour ton message !!! 😉

    Le point que tu soulèves m’a longtemps fait cogiter. Car dans l’esprit d’un Sage de l’Antiquité, ce qui va dans le sens du Logos, va dans le sens de l’Harmonie, de la Nature (Phusis ou Cosmos chez les pythagoriciens), c’est cela qui a permis aux démocraties d’exister, en se disant que grâce aux discours, nous pourrions nous entendre et oeuvrer pour l’intérêt de tous. Cela paraît naïf aujourd’hui, mais les bonhommes avaient une mentalité qu’on ne trouve plus bcp à notre époque.

    Quoi qu’il en soit, c’est ma manière de raisonner et de comprendre le monde qui m’entoure. Un peu comme si l’Univers était une symphonie, avec des harmoniques, des résonances, des réseaux entre les mondes et les êtres ; ses Lois étant là pour maintenir l’équilibre. Or fait est qu’il y a un paradoxe lié à la nature humaine (ça ne concerne pas tout le monde, mais une majorité), et qui a été observé par les Anciens. Ils l’appelaient l’acrasie. C’est le fait d’agir à l’encontre de son meilleur jugement. On sait que la bonne direction est là, et pourtant on préfère foncer dans le mur.

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Acrasie

    La raison a permis la naissance de la technologie, qui nous a apporté plus de libertés et de confots. Mais c’est aussi ce qui a permis des guerres de plus en plus meurtrières. Comment expliquer ce paradoxe ? Peut-on dire que la connaissance est nécessairement bénéfique (ce que je pense pourtant) ? Je pense avoir résolu ce dilemme grâce aux philosophies orientales, avec leurs notions de Yin et de Yang. Il y a d’un côté notre sensibilité, nos sens, nos émotions ; c’est la partie de nous qui reçoit les données qui proviennent du réel. Nous sommes en mode passifs. Puis il y a d’un autre côté l’analyse des données, qui implique le concours de la raison, etc. Et là nous sommes en mode actif, c’est l’étape préliminaire avant l’action.

    Et fait est que lorsque l’on se prend la tête sur des trucs théoriques, on est obligé d’être seul, de se couper un peu des autres. On a la tête dans le guidon. Et cela rompt l’équilibre avec l’autre facette, où il nous faut nous reconnecter. Le piège si on ne le fait pas, c’est de se retrouver avec un gros égo, un gros melon, avec une très haute estime de soi ^^ Et vice-versa, si l’on reste trop dans les émotions, trop dans la passivité, on peinera à s’exprimer, et ça conduit généralement vers de la dépression. Et je me suis rendu compte que cette grille de lecture collait très bien à l’échelle des civilisations. Une civilisation peut ainsi être très développée technologiquement, et pourtant être fermée sur elle-même, avec une haute estime d’elle-même, pour ensuite aller écraser les autres.

    Et pourtant l’idée d’équilibre est bien un principe de la raison, il n’y a pas vraiment de contradictions. C’est juste qu’il y a plusieurs degrés de lecture et de compréhension. Le Logos ne se limite pas au calcul et à la partie “masculine”. Sinon ça fait généralement de nous des tyrans. C’est pour cela qu’il y a aussi la notion de “sophia”, qui elle prend en compte les deux aspects. Bon, tous ces concepts avaient aussi une polysémie extrêmement riche, qui témoignent un peu de la psychologie d’antan. C’est passionnant. Comme j’aime à le dire, nous sommes tous des étrangers amnésiques 😉