[Membre Inconnu]

@norbert “salut, dans ta précédente “incarnation”, tu te posais la question de la Vérité. pour moi c’est résolu, il n’y a rien de vrai, que des théories, utiles ou pas, par exemple si je suis à table et que je ressens la faim, il est utile de considérer qu’il y a une entrecôte dans le frigo, et que je puisse la faire cuire sur ma poêle. Mais une théorie (non démentie par l’expérience) ne peut être au mieux qu’utile pas vraie”

Ok. Je vais essayer de te faire une réponse sérieuse.

Ce que tu critiques, c’est la notion de vérité au sens de Platon. C’est-à-dire un truc qui existerait de façon absolue. Et quand on s’aperçoit que ça ne tient pas, on peut donc prendre le contre-pied du machin, et se retrouver dans une forme de nihilisme.

L’idéalisme et le nihilisme sont conceptuellement liés, et c’est sur cette absurdité que Nietzsche a développé sa pensée. Or, ce n’est pas parce que Platon est contestable, qu’il n’existe pas d’autre façon de conceptualiser la notion de vérité. Justement en revenant à des considérations plus terre à terre.

D’ailleurs, tu as vu que pour mon exemple “2+2=4”, j’ai volontairement précisé “dans le système décimal”. Là encore, cela peut paraître évident car nous sommes juste habitués. Mais l’habitude et l’usage ne font pas une vérité. Aussi, ce n’est pas parce que nous – culturellement – avons une compréhension platonicienne de LA Vérité, que ça signifie que c’est forcément correct.

En l’occurrence, la proposition “3+4=12” sera fausse en base décimale, mais elle sera parfaitement vraie en base quinaire (base 5). C’est-à-dire qu’une donnée en soi n’est ni vraie, ni fausse ! Une donnée absolue est par définition et logiquement indécidable (dans le langage de Gödel). Et là, on entre dans du dur, car ce sont des choses assez difficiles à saisir.

Et bien sûr, cela ne concerne que le formalisme. En science, il ne suffit pas qu’un système soit formellement vrai, il faut qu’il soit en adéquation avec les faits. Et là on s’aperçoit qu’il nous manque des concepts, car les choses sont plus complexes que “c’est vrai” ou “c’est faux”. Donc là, je préfère parler de pertinence plutôt que de vérité. La pertinence se doit d’être formellement vraie (non-contradictoire) et en adéquation avec des faits. Ce qui est un petit coup dans l’aile à la théologie, qui peut être formellement et conceptuellement non-contradictoire, mais qui ne s’appuie pas sur des faits empiriques.

Et il ne s’agit pas non plus de verser dans le relativisme, car il y a des systèmes qui sont plus pertinents que d’autres. Sont-ils *LA* Vérité ? Hé bien comme je viens de l’expliquer à la louche, c’est logiquement impossible, car ça deviendrait de facto indécidable. Penser “la” vérité est une auto-contradiction logique. Alors c’est sûr, raisonner en terme de relations complexes, de liens causaux, de probabilités, c’est loin d’être le truc le plus facile, il faut parfois se casser la tête pour avancer.

Et je pense que c’est pour cette raison que certains préfèrent adopter la voie de la facilité, préférant sombrer dans le nihilisme et la stagnation intellectuelle, tout en se disant qu’ils ont tout compris à tout. Genre, ils ont compris qu’il n’y avait rien à comprendre ! Youhou ! A côté de ça, ils ne voient pas ce qu’il y a d’absurde là-dedans quand ils consomment à longueur de journée des produits de la raison, des ordinateurs, des téléphones, des technologies diverses et variées, et j’en passe.

C’est l’époque qui veut ça…

Les gens veulent avoir l’image de gars intelligents, sans faire d’effort pour l’être vraiment. Car ils ne se sortiront jamais les doigts du cul pour ça, ils veulent juste se faire bien voir. Parce que ça leur donne de la profondeur j’imagine ahahah Et si l’image commence à se fissurer un peu, bon bah autant la jouer à fond dans le truc mystique, genre on a des pouvoirs magiques… Derrière je devine un certain malaise existentiel, ça me ferait presque peine. Bref.

J’espère que ma réponse ira ^^