Racontez-nous une rencontre extra-ordinaire !

  • Racontez-nous une rencontre extra-ordinaire !

    Publié par melodie21 le 25 juin 2020 à 18 h 19 min

    Bonjour à tous,

    Je vous propose ici de raconter, mettre en mots une magnifique rencontre que vous avez faite (ou ferez ?) au cours de votre vie. Il peut s’agir d’une rencontre amoureuse, d’une rencontre amicale, ou, soyons fous, des deux !

    Nouvelle, poème, extrait de roman, chanson… Tous les genres sont les bienvenus ! Smiley

    Membre Inconnu a répondu il y a 3 années, 7 mois 4 Membres · 8 Réponses
  • 8 Réponses
  • zani

    Membre
    25 juin 2020 à 21 h 40 min

    Bonsoir, j’ai bien envie de participer mais en terme de belle rencontre…, y en a eu qu’une seule mais celle-ci à tourner au cauchemars y a deux mois…, je crois qu’il va tout simplement venir de mon imagination, et mes rêves de romance… à bientôt quand l’inspiration d’une belle rencontre me viendra.

  • melodie21

    Membre
    26 juin 2020 à 20 h 53 min

    @Zani Bonsoir ! Pas de souci. Courage ! Il te faudra sans doute du temps, mais tu t’en remettras. A bientôt alors ! 🙂

  • Membre Inconnu

    Membre
    27 juin 2020 à 5 h 18 min

    Printemps mille-neuf-cent-nonante-cinq. Nous sommes en tournée dans les pays de l’est. Nous, c’est les Nawaks, collectif informel de performances issu des squats parisiens, trois camionnettes, six personnes par véhicule. Je conduis mon SG2, assure la logistique et joue de la basse ou de la batterie lors des représentations. Nous avions deux spectacles et un concert dans nos bagages.

    Deux dates en Slovénie, au Metalkova de Lubjana et dans un centre d’art à Maribor, deux dates en Slovaquie, à Bratislava, une en salle et une sur la grand place. Une performance anti-patriarcat qui nous a valu d’être arrêtés et expulsés du pays pour troubles à l’ordre public et attentat à pudeur.

    Nous nous réfugions à Vienne car nous avions une adresse où atterrir. Nous y arrivons tard dans la soirée. Un énorme squat communiste en permanence sur la défensive à cause d’attaques répétées des fachos. Après avoir montrer patte blanche, nous sommes finalement très bien accueillis. Le premier étage est très politisé, organisé, carré, le deuxième est punk vegan féministe, le troisième est un accueil de sans-papiers et au quatrième, des dortoirs pour les gens de passage. On s’y installe.

    À six heures du matin, nous sommes réveillés et sommés de partir car un sans-papier a été retrouvé mort dans son lit et les flics ne vont pas tarder à débarquer. C’est mieux s’ils ne nous voient pas, dix-huit freaks qui viennent de se faire expulser de Slovaquie, la police autrichienne risque de ne pas apprécier, c’est suffisamment la merde comme ça.

    On nous envoie dans une espèce de centre artistique et musical, un vaste parc entouré de grille et comprenant plusieurs salles de concert ou de détente. On attend toute la matinée que cela ouvre. Les champions de la choure pillent les magasins de bouffe, ça fait du bien. L’entrée du parc est gratuite mais est sacrément garder par des vigiles patibulaires et antipathiques. On est accepté après avoir expliquer notre situation aux responsables.

    <font color=”#eee6d7″ data-darkreader-inline-color=”” style=”–darkreader-inline-color:#ffffff;”>L</font>a suite ne se passe pas très bien. Après tant de déboires, nous étions bien content de souffler et de se retrouver dans une ambiance festive. On exulte. Sauf que l’ambiance festive en Autriche, même chez les rockeurs, ça veut pas dire qu’on peut se lâcher comme on veut, la rigolade a des limites. On se fait jeter comme des malpropres après moult engueulades qui auraient tourné au pugilat sans ma vague connaissance de l’allemand et mes talents de médiateur.

    Et c’est là que nous rencontrons Maria.

    J’avais remarqué qu’elle nous observait depuis un petit temps, amusée et intriguée. Elle nous rejoint sur le parking voyant que nous étions fatigués, énervés et quelque peu désespérés. Elle nous invite chez elle. Dix-huit personnes dans son trois pièces. On mange, on boit, elle fait tournée sa coke. Elle vient de Tchéquie et nous apprend qu’elle est la nièce de Vaclav Havel, le fameux dramaturge et homme d’état. Elle vit d’habitude avec sa fille de seize ans, elle en a le double. Une belle dame au charme slave, droite dans ses bottes, causante, curieuse, maligne et partageuse.

    On se donne le tour pour se reposer. Sauf moi. Nous causons jusqu’à midi. Elle me fascine.

    Nous sommes restés quelques jours pour préparer la suite des aventures. On prévoit de rejoindre Prague avec elle. Elle y connaît suffisamment de gens pour nous accueillir et nous faire jouer. Et ça sera plus facile de passer la frontière avec quelqu’un du pays. Parfait.

    Elle et moi apprenons à nous connaître, j’aime bien son humour, on rigole comme des gamins. Je suis impressionné par son érudition, on cause de tout, un peu en anglais, un peu en allemand. Son sourire, son enthousiasme, sa joie de vivre, sa ferveur me font pétiller les yeux et réveille cette boule d’envie recroquevillée, ramassée, dissimulée dans un recoin de mes entrailles. On se dragouille timidement, enfin… elle me dragouille et moi je fais mon timide. Je traversais une phase escargot comme lorsque j’étais ado : plus on s’approche et plus je me renferme, me crispe, me rabougris. Plus les sentiments sont intenses et plus je m’enfonce dans ma coquille si on effleure mes antennes. Le dernier soir avant le départ, elle fait ce qu’elle peut pour me faire comprendre qu’elle m’attend dans sa chambre. Dans la tête de mes potes, ça se voit dans leurs yeux : “François, il va encore passer à côté d’une belle histoire”. Ça me paralyse d’autant plus. Je fais semblant de dormir dans un fauteuil.

    Financièrement, ça commence à être vraiment dur. Une équipe est sortie siphonner du gasoil dans une zone industrielle, comme à notre habitude. Sauf qu’en Autriche, c’est beaucoup plus difficile qu’ailleurs. Mais on étaient champion dans cet art, mission réussie.

    En route pour la Tchéquie. Maria est confiante, ça va aller.

    Je n’étais pas retourné à Prague depuis quatre ans : la tournée Parkaj Mental, groupe jazz-punk franco-allemand où je jouais de la clarinette. Depuis, je rêvais d’y revenir pour rencontrer des musiciens, les groupes tchèques m’ont toujours fait planer. J’entrevoyais même d’y rester si l’occasion m’était donnée.

    Sauf que, malgré la séparation des républiques tchèque et slovaque, il demeurait un accord de gestion des frontières. Impossible de rentrer avec nos passeports estampillés trois ans d’interdiction de territoire. On a tenté une demi-douzaine de poste frontières, rien n’y fit. Maria était attristée, fâchée, affligée. Elle a tout essayé, le charme, son lien familial avec le héro de la révolution de velours, les bakchichs. Problème insoluble.

    Retour à Vienne. Déprime.

    Je crois que j’ai rarement autant fait la gueule et aussi longtemps. Je ne pensais qu’à me barrer de cette ville malsaine. Vienne est définitivement l’endroit que je déteste le plus. J’ai motivé les troupes et nous sommes partis dans la foulée vers l’Allemagne, je savais qu’on pouvait s’incruster à Freiburg, au KTS : Kunst Total Sofort (Art Total Maintenant). Quatre bâtiments de quatre étages autogérés entourés de plusieurs hectares de gros camions et de magnifiques roulottes, à l’allemande. Nous y avons fait un concert et sommes restés un mois. On a écrit et monté le mythe d’Orphée aux enfers en opéra-rock sur une surface grande comme un terrain de foot. Une réussite de toute beauté. Cela se terminait par une révolte des damnés contre Vulcain : “Pour un enfer libre et auto-organisé”. Nous avons toujours su rebondir grâce à notre créativité débordante, fourmillante, expansive. Et ça a toujours été ma façon de sublimer mon mal être, mes frustrations, ma connerie.

    Ma rencontre avec Maria fut l’une des plus belles que j’ai vécu. Et l’une des plus douloureuses. J’ai eu beau m’empressé de l’oublier, cela reste le plus amer, le plus âcre, le plus cruel de mes regrets. Vingt-cinq ans sont passés et mon ventre se convulse à son souvenir. Je n’ai pas cherché à la recontacté, je l’avais planté comme un sagouin. Pauvre de nous.

  • Membre Inconnu

    Membre
    27 juin 2020 à 5 h 33 min

    Désolé pour le bug au 6° paragraphe, j’ai tenté d’effacer mais quand j’édite, il n’y a pas problème. Quand je publie, ça revient. Bon…

    Et pour les curieux : Metalkova : https://www.ecosia.org/images?q=metalcova+lubjana

    KTS : https://www.kts-freiburg.org/

  • Membre Inconnu

    Membre
    3 juillet 2020 à 4 h 00 min

    Et quoi ? Elle est bien l’idée d’histoires de rencontres.

    Y a pas beaucoup d’insomniaques ici !

    Allez, à vos plumes !

  • melodie21

    Membre
    12 juillet 2020 à 0 h 05 min

    Merci pour ton soutien, @paradox ! 🙂 Je m’y colle !

  • melodie21

    Membre
    12 juillet 2020 à 1 h 28 min

    Fin de soirée. Au beau milieu d’une table à ranger, je tombe sur quelqu’un de nouveau. A moins que je ne l’ai déjà rencontré ? Si oui, c’est encore un oubli. Je salue donc, me présente et lui demande son prénom. “Tiens, original !” Puis ses études. “Prépa ? Ahah…” Il a un beau sourire et un regard vert pétillant. Ca y est, mon attention est retenue ! La sienne aussi apparemment, puisqu’il me convie à continuer la conversation dehors, sous le ciel étoilé. Deux chaises et l’immensité. Si lointains et si proches à la fois… Il m’interroge sur mes écrits. Je lui parle de mon roman d’aventure, de l’Histoire, des Beaux-Arts… Il m’écoute, m’encourage à poursuivre. On se quitte pour d’autres horizons. Puis il me retrouve lors d’une journée festive franco-allemande. Sa mère est prof d’allemand ; je ne pouvais pas mieux tomber… Premier rendez-vous, premiers débats, premier repas, première dispute. Et toujours le soleil et ces yeux qui brillent et changent de couleur… Cet humour, cette légèreté, cette insouciance. Ce manque d’assurance, aussi, touchant. Mais il faut rester prudent, voir de quel bois il est fait. Echanger des idées, des convictions, des envies. Partager davantage que cette planche de charcuterie-fromage. Se sourire sans fin, s’embrasser enfin.

    Parfois, il faut beaucoup se croiser pour mieux se trouver.

  • Membre Inconnu

    Membre
    17 août 2020 à 3 h 43 min

    Il faut qu’il écrive, encore, une nouvelle histoire. Une histoire vrai, d’or, mais d’ores et déjà trop noire. Petite lueur venue du fin fond d’internet, pleine de vigueur sur fond de passé pas net.

    Vos première discussions, sur l’analyse des rêves, puis enchainant sans cesse sur la découverte de vous même, vos solitudes, vos douleurs, ce que t’as fais ton frère…

    Tu avais un homme alors, qui t’aimais. Tu faisais semblant. Ce qu’on attendait de toi. Emprisonnée dans ce carcan horrible dont on t’avait vêtu. Ta première rencontre avec Syl, chez ton homme d’alors, qui ne parlait pas et avait préférer regarder son match. Vous étiez des enfants, à refaire le monde. A vous retrouver après tant de vie. Puis Syl est parti. Tu es rentré chez toi, loin, à Paris. Les discussions ont repris, vous ne parliez pas de ce soir là. Vous étiez mal à l’aise, mais après de long mois, tu as appris que Syl avait rencontré peut-être quelqu’un. Tu as sauté dans un train, encore mineure, prétextant une soirée chez une amie. Et là à commencer votre histoire.

    Vous, qui lisiez tous ce que vous trouviez, sur l’homme, sur les dieux, sur la nature. Vous qui regardiez la nature d’un œil nouveau, qui regardiez les hommes et ce qu’ils étaient. Deux enfants dans une aire de jeu immense. Vous qui aviez appris à écouter vos corps, à découvrir vos esprits ensembles, à partager vos pensées sans un mot, à défaire vos traumatismes. Chaque jour, un travail personnel était donné à l’autre, chaque jour vous mettiez le doigt sur une erreur, une zone d’ombre, un complexe, chaque jour vous poussait à voir plus loin. Vos différentes expériences, ésotériques, tantriques, philosophiques… Le monde n’existait plus, des mois durant. Vous vous êtes retrouvés administrateur d’un forum sur la spiritualité. Syl faisait le cerbère dans l’ombre, chassant les pervers narcissiques et les manipulateurs, toi tu faisais la douce lueur que tous le monde venait voir pour des conseils.

    Vous aviez des gens qui venaient de toute la France pour un week-end, c’était comme vos enfants. Vous leur offriez le gite et le couvert, vous les écoutiez parler de leur rêve, de leur doute. Vous passiez votre temps et votre énergie à apprendre, et prendre soin des autres.

    Cela a duré 3ans…-

    Puis tu as dû faire une IRL avec un ami. Tu devais partir à l’autre bout de la France pour un week-end. Syl t’a dis qu’il ne le sentait pas. Pas cette fois. Qu’il travaillait et qu’il ne pourrait pas être là. Tu as rigolé, il n’a pas insisté. Il t’a regardé partir seule, tu es revenue avec l’Ombre.

    Vous le saviez tous deux, mais n’avez rien dit. Vous ne vouliez pas la voir. Au début elle était discrète. Tes cauchemars ont commencé, violents et cruels. Les crises de larmes dans ces bras à lui, pendant qu’Elle planait au dessus du lit. Le carcan que ton frère t’avait mis, qui revenait petit à petit…

    Une année sans parler d’Elle, lui qui attendait, ne voulant dire la vérité, toi qui niait, loin de toute réalité. Qui t’es enfoncé dans l’immatériel, le casque vissé sur les oreilles, petite lueur devenant bête nocturne, ne vivant qu’en jouant dans les dédales de la terre des brumes. Jusqu’à la bévue d’une amie fidèle, qui pensait que Syl était au courant. Puis tu lui as dis, à haute voix cette fois ci, ce que vous saviez pourtant. Que l’Ombre t’avait pris ton téléphone à ton arrivé chez elle, que l’Ombre avait pris tes papiers à ton arrivé chez elle. Puis qu’elle t’avait prise, des heures durant, pour te jeter ensuite à la gare le sourire satisfait. Car tu étais venu la voir, c’est que tu le voulais. C’est ce qu’Elle t’a répété, cette année durant. Au détour des lettres qu’Elle t’a envoyé. Au détour des serveurs sur lesquels Elle te pistait…

    Puis il n’y avait plus de vous. L’Ombre avait finis son œuvre. Tu as essayer de mettre fin à tes jours, mais Syl a enfoncé la porte. A pris le couteau, t’a embrassé sur le front, et t’a emmené au lit, avec un grog maison pour que tu dormes vite. Ce fut une de vos dernières nuits ensemble. Toi sanglotant dans ses bras, lui séchant tes larmes et écoutant en silence, les rires de l’Ombre suintant des murs de l’appartement.

    Les mois qui passèrent furent rapide. Vous étiez deux étrangers murés dans le silence. Lui qui ne savait pas quoi dire, quoi faire, qui tentait des vaines idées. Toi qui disait que tout allait bien. Le casque vissé sur les oreilles. Finis le temps des partages et des rires d’enfants. Finis la lumière là où l’Ombre régnait.

    Puis au détour des brumes, tu as rencontré un prince. Syl a compris qu’il était temps, il s’est rapproché d’une petite souris avec qui il travaillait souvent. Puis il est partis. Il a fuis. Il sait que tu lui en as voulu. Mais c’était mieux ainsi, c’est ce qu’il pensait.

    Déjà des années depuis cette histoire, petite lueur tu es heureuse avec ton prince, le mariage sonnera dans quelques mois. Syl te regarde brillé au loin, en silence, se souvenant du rêve et de sa chute. Il t’aime de cet amour dont on a que peu de mot. Celui qui ne désire rien d’autre que de te voir briller, et chassé l’Ombre loin de tes pensées.

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