Pourquoi l'art nous rend plus intelligent ?

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    Pourquoi l'art nous rend plus intelligent ?

    Publié par olbius le 11 juillet 2018 à 18 h 45 min

    La rébellion de Niki de Saint Phalle, son engagement dans la création semble bien être un rempart contre la stupidité sociale. Contempler une œuvre d’art est-il bon pour les neurones ? Bref, l’art protège-t-il de la bêtise ?
    Le processus de création développe-t-il l’intelligence ? Individuelle ou collective notre matière grise gagne-t-elle de à se confronter à l’art ?

    • FX Combes, artiste
    • Luc Lang, romancier
    • Kamel Mennour, galeriste
    • Carole Talon-Hugon, auteur de “Une histoire personnelle et philosophique des arts”

    Pourquoi l’art nous rend plus intelligent

    cinematographe a répondu il y a 4 mois, 1 semaine 18 Membres · 43 Réponses
  • 43 Réponses
  • Membre Inconnu

    Membre
    17 juillet 2018 à 22 h 53 min

    L’art est sans rapport avec l’intelligence, en terme de somme de connaissances et même de capacités cognitives. Il s’agit d’une création, produite par une personne plus ou moins douée, qui provoque une émotion chez l’individu. Vous pouvez être très sensible à un Jugement dernier sans en connaître les références. L’émotion y passe au travers du jeu des morphèmes. De même, la musique peut être appréciée sans connaître le solfège.
    L’art nécessite simplement la capacité à l’émotion.

    PS: ceci sans avoir écouter la conférence.

  • psychopompe

    Membre
    18 juillet 2018 à 22 h 28 min

    « une personne plus ou moins douée »… Ça signifie quoi, ça ? -__-

  • Membre Inconnu

    Membre
    19 juillet 2018 à 3 h 22 min

    Mon cher @Olbius,
    Je ne crois pas que l’art de Niki de Saint Phalle, celui porté par les galeristes et les Fiacs du monde entier, celui intellectualisé par la presse bourgeoise et les universitaires rende plus intelligent.
    Au contraire…

    L’art moderne en général invite à ne pas penser. Son rejet de la figuration et de la technique propose à chacun de s’inventer une idée de ce qui est présenté sans risquer la moindre objection. On projette nos sensations et on le fait avec la bénédiction ubi et orbi du critique d’art (qui n’a de critique que l’étiquette).

    L’art moderne est en réalité fanatisme tant son dogme est institué.

    Dans Fahrenheit 451 de Ray Bradbury, l’auteur décrit un monde où l’état ordonne des autodafés. Mais cette dictature impose aussi un certain nombre de choses comme les divertissements télévisuels et l’art abstrait.
    La figuration peinte y est non seulement interdite mais dénigrée. Le ministère de la culture considère en effet qu’elle pourrait-être source de troubles sociaux.

    Et pour cause…

    Voici deux peintures. Laquelle des deux a provoqué le plus de débats, d’attentas, de réactions hystériques, de tentatives de censure au vingtième siècle ?

    La première ?

    ou…

    La seconde ?

    Il va sans dire que l’Origine du Monde, (tableau du dix-neuvième siècle) aura eu mille fois plus d’impact que le moindre dégueulis de Pollock.
    Trouver encore aujourd’hui une reproduction du tableau de Courbet sur internet reste compliqué. Si on approfondit le sujet, on s’étonnera des réactions viscérales ou des tentatives grotesques de réappropriation cette oeuvre par quelques plasticiens en manque d’idées.

    L’origine de la guerre par Orlan

    “Performance” de Deborah de Robertis

    Les démarches d’Orlan et de Deborah de Robertis (notez bien la particule) sont en soi l’aveu de leur propre échec. L’art moderne ne peut plus accoucher de passions semblables à celles déclenchées par Courbet. Il ne peut, dans le meilleur des cas, que réagir au formalisme passé…

    Pollock et ses pairs à travers leurs compositions disent-ils quelque chose de clairement intelligible à chacun ?

    Non.

    Tout est affaire de subjectivité et d’enjeux sociaux-narcissiques.
    La grande majorité des artiste contemporains flatte l’ego des uns et suscite la perplexité des autres.

    Sans théorisation et sans galeriste, les croûtes de Pollock (peintes avec des glycérophtaliques achetées en solde [authentique]) ne sont rien.

    L’art ne rend donc pas plus intelligent. Pas cet “art bourgeois” conchié naguère par Charles Baudelaire. Pas cet art que seul l’argent consacre. Pas cet art snob et médiatique…

    Celui qui mérite le regard reste en marge et sera sans doute exhumer trop tard, dans des temps futurs… Il appartient à chacun d’aller à sa découverte, en gardant un esprit critique, là où on ne l’attend pas; Là où, on ne le voit pas.

  • ver1976

    Membre
    19 juillet 2018 à 8 h 25 min

    @jabberwocky : … et cependant tu discutes de l’intelligibilité de l’art moderne. Formuler une critique n’est-il pas en soi une expression de l’intelligence ? 😉
    La forme d’art qui (pour moi) ne rendrait pas “intelligent” serait celle qui susciterait de l’indifférence.
    Le fait que tu n’apprécies pas Pollock montre que cela a déjà provoqué en toi une interrogation (“qu’a voulu me dire l’artiste avec son gribouillis” ??) puis une opinion (“rien…” next ->). Donc cela t’a bien fait cogiter. ^^

    Après je comprends ce que tu veux dire. Je reconnais que l’art moderne a tendance à m’indifférer. (mes passages au centre Pompidou m’ont vraiment laissé de marbre je dois bien dire -_-‘)
    Cependant il y d’une part différents types d’arts (musique, architecture, etc)
    A mon avis toute n’ont pas le même impact, SI “intelligibilité” il y a.
    D’autre part, il y le “consommateur” d’art et le “producteur”. Sur le plan cognitif je subodore que cela ne met pas en jeu les mêmes zones cérébrales.

    En fait ce qui me chiffonne le plus n’est pas que l’art serait intelligible (à mon avis Il l’est) mais la question qui cela nous rendrait PLUS intelligent.
    L’art est-il comme la parole ? C’est à dire une compétence qui ne serait pas innée mais s’acquiererait ? (le langage va occuper une zone du cerveau qui n’était pas dévolue pour cette tâche)
    A mon avis perso’ (mais je suppute) je crois que l’Art apporte une forme supplémentaire d’expression mais que cela ne rend pas forcément plus “intelligent”.
    D’ailleurs je crois que l’on cherche toujours à définir “l’intelligence” à ce qu’il paraît 😀

  • Membre Inconnu

    Membre
    21 juillet 2018 à 3 h 37 min

    @ver1976
    Je crois que tu fais quelques raccourcis. Se poser des questions, manifester des doutes ou avoir l’esprit critique sont en général des signes d’intelligence ; encore faut-il que les objections soient soutenues par une argumentation…

    Tu uses ensuite, sans le savoir, de syllogisme (logique de fromage à trous) pour émettre l’idée que seul l’art qui ne suscite aucune réaction ne “rendrait pas intelligent”. Convenons d’abord de l’absurdité de la proposition. Ce n’est en effet pas la contemplation d’une oeuvre qui va soudainement permettre à quelqu’un d’accroître son potentiel intellectuel.

    Ensuite je ne réagis pas par rapport à la peinture ou à une peinture de Pollock. Je critique vertement la démarche de certains artistes contemporains (les conceptuels et les abstraits), les critiques d’art patentés (comme ceux de Art Presse) et d’une certaine façon aussi le public qui dit amen à tout ce qu’on lui montre.

    Rendons à César
    C’est dommage, je voulais illustrer mon propos avec un documentaire sur César où l’on peut entendre Pierre Restany et Catherine Millet, malheureusement je ne l’ai pas trouvé sur Youtube. A un moment on peut constater du scepticisme de César face au délire de Restany ; ce dernier baratine et conceptualise la démarche du sculpteur avec de grandes phrases alambiquées que l’artiste ne semble pas vraiment approuver. Restany lui dit alors : “Toi tu fais tes créations, moi je les pense”.. Je ne me souviens plus précisément des mots de Catherine Millet, mais ils valent aussi leur pesant de cacahuètes…

    Bref, on voit bien avec ces deux personnages que la critique d’art n’en a que le nom. Comme l’illustre l’anecdote avec Restany, le critique s’invite directement dans la création par égotisme mais aussi, pour créer un entre-soi. L’enjeux est de produire des signes de réussites sociales que ne pourra pas s’approprier le pecus vulgum.

    Mais disons-le sans ambages : Les ploucs, les César Birroteau, s’appellent Restany et Millet.

    Le génie du peuple
    Tu dis ensuite que l’art moderne ce n’est pas que de la peinture.
    Oui, bien sûr te répondrais-je, et ce qui est valable à mes yeux pour la peinture l’est aussi, par exemple pour la musique.
    Dans le documentaire intitulé “The Beatles: a musical appreciation and analysis, by composer, Howard Goodall CBE”, tu peux écouter un passage édifiant (6.40 minutes). Le présentateur évoque l’Avant Garde qui, au milieu des années cinquante, revendiqua son rejet de la musique traditionnelle. L’Avant Garde décréta que la musique était arrivée au bout d’elle-même et qu’il fallait maintenant explorer de nouveaux paysages sonores à base de bruits assemblés, de sons provoqués par des objets usuels ou tout autres sortes d’expérimentation en se détournant du public (du peuple, en vérité).
    Les Beatles ont eu le génie de faire le même type de défrichage sans mépris ni cynisme.
    https://www.youtube.com/watch?v=ZQS91wVdvYc&t=1140s
    La chanson Tomorrow Never Know en est la parfaite illustration…
    https://www.youtube.com/watch?v=pHNbHn3i9S4

    L’Art est Révolution
    Je vais maintenant mettre en exergue un mot que tu emploi. Tu dis, “D’autre part, il y a le “consommateur” d’art et le “producteur” (sic). Tout le problème est là en vérité : l’art moderne est réduit à un produit de consommation. Il n’est plus l’agitateur qu’il était encore au début du vingtième siècle. Ses provocations sont conceptualisées pour être celles qu’attend un public bien particulier qui finalement, s’invente une aristocratie sous couvert d’élitisme. C’est cet art bourgeois, mesquin, que Baudelaire n’a eu de cesse de fustiger.

    Toutes ces œuvres abstraites ne dérangeraient pas un intérieur Parisien…

    Light Red Over Black, Mark Rothko.

    Mais qui oserait “ça”, dans son salon ?

    Les suppliciés, Théodore Géricault.

    La peinture n’est pas de la décoration.

    La grande escroquerie de l’art moderne c’est d’avoir substitué l’indicible par de l’inintelligible.
    L’horreur peinte par Géricault, les mystères de Caspar David Friedrich, la sensualité d’Ingres, l’étrangeté d’Odilon Redon… appartiennent au champ de l’indicible. On devine qu’il se passe quelque chose. On ressent à partir d’une représentation identifiable par tous, une idée ou une émotion vers laquelle l’artiste tient à nous conduire.

    L’abstraction ou le conceptuel ne reposent pas sur un langage commun. Les deux sont le fruit d’une logorrhée inintelligible qu’une minorité s’est inventée par haine du peuple.

    L’art, le vrai, suit pendant ce temps le cour tranquille de sa Révolution sans trop se soucier de ces croûtes dérisoires… de ces gros marquis poudrés qui tomberont sous la lame du temps, pour échouer lamentablement dans le panier de l’oubli.

  • ver1976

    Membre
    21 juillet 2018 à 16 h 02 min

    @jabberwocky :

    J’étais en train de te faire une réponse argumentée. Mais je sais pas expérience que les échanges sur Internet ont tendance a réveiller des susceptibilités. (on cherche toujours le dernier mot et les écrits restent)

    Donc, si cela te convient, j’accepterais volontiers d’en discuter oralement avec toi, si nous avons un jour l’occasion de nous voir 😉

  • olbius

    Organisateur
    21 juillet 2018 à 16 h 44 min

    On dirait bien effectivement que l’art rend plus intelligent… 😉

  • Membre Inconnu

    Membre
    21 juillet 2018 à 17 h 15 min

    @ver1976
    Ce n’est pas faux ce que tu dis, sauf que je ne vois pas le moindre signe d’hostilités, de mauvaise foi ou de langue de bois dans les échanges présents. Même si pour ma part je suis un contradicteur ou un débatteur opiniâtre, je n’investi pas mon ego là-dedans.
    Je regrette donc que tu laisses tomber pour ce motif…
    Quant à boire un godet et refaire le monde à cette occasion, ce sera avec plaisir. 😉

  • ver1976

    Membre
    21 juillet 2018 à 17 h 47 min

    @jabberwocky : quand je parlais des “susceptibilités” je pensais aussi à la mienne.
    Je suis quelqu’un qui a tendance à surinterpréter les écrits de mes interlocuteurs.

    Par exemple : quand tu dis que je “laisse tomber” (que je traduis par “ah ! Le pleutre !!”) alors que je te propose une discussion orale dans mon message précédent et bien là oui : je surinterprète. ^^

    Après voilà je ne pense pas que cela soit volontaire de ta part.
    Et c’est bien pour cela qu’une discussion orale c’est BEAUCOUP mieux (l’expression corporelle en général permet de dissiper des doutes).

    A ce stade, et si on reste sur Internet, il faut juste faire attention à certaines formulations.
    Attention : je ne te vise pas toi seul, je pense que mon message #31921 n’était pas correctement écrit de ma part et qu’insidieusement tu te sois senti vexé (après-tout c’est moi qui t’apostrophe ^^)

    Et plaisir réciproque si nous nous voyons. 😉

  • Membre Inconnu

    Membre
    21 juillet 2018 à 18 h 25 min

    Je ne suis pas du tout susceptible @ver1976… De toute façon (ça n’engage que moi, ok), j’estime qu’à partir du moment où il y a discussion, on accepte la contradiction quitte à ce qu’elle soit vive.

    Un ami me faisait très justement remarquer que les échanges écris (surtout depuis qu’internet existe), sont souvent mal interprétés et qu’en qualité de manager, il évitait le plus possible de communiquer par mail. C’est d’ailleurs à cause de la multitude de malentendus que les émoticones ont été inventés.

    Je pense que la principale raison de cette susceptibilité tient au fait que nous sommes passés d’un monde d’oralité à un autre où l’écris prend un nouvelle place. Dans ce basculement, nous avons effectivement perdu le langage corporel et tous les autres sens qui nous permettent de communiquer.

    Tu dis enfin : “A ce stade, et si on reste sur Internet, il faut juste faire attention à certaines formulations.”. C’est vrai mais j’aurais tendance à nuancer en disant que les problème peuvent venir aussi de la personne qui reçoit les formulations (cherche pas, il n’y a pas de sous-entendus).

    Bref si je me fie à mon interprétation, j’en conclus que tu vas payer ton coup !😜😉

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