Pourquoi mentir en amour ?

  • Pourquoi mentir en amour ?

    Publié par olbius le 14 septembre 2018 à 18 h 42 min

    Dans le cadre d’une relation, sérieuse ou plus “légère”, pourquoi mentir en amour ?

    On m’a fait suivre un fait divers dans lequel on peut lire ces mots au sujet du mensonge, de l’amour, mais aussi de l’intelligence :

    L’homme – décrit comme extrêmement intelligent par l’expertise psychologique – devra également rembourser plus d’un million d’euros à plusieurs personnes qu’il a escroquées. Devant le tribunal, l’individu a reconnu les faits expliquant qu’il ne voulait ni perdre ses enfants, issus de son premier mariage, ni sa seconde épouse.

    Il a alors expliqué s’être enfoncé dans le mensonge par amour. “Mentir et contracter des emprunts au nom de madame, c’est une drôle de preuve d’amour”, lui a répondu un avocat.

    Source : Annecy : prison ferme requise contre le faux espion bigame

    Alors, mensonge et intelligence, les deux facettes d’une même pièce lorsque l’on parle d’amour ? Mentir en amour, en particulier dans le cas d’une relation amoureuse entre adultes surdoués, cela signifierait quoi dans ce cas ?

    Dans un autre article , on peut lire ceci :

    Il existe un devoir de mensonge, puisque c’est une preuve d’empathie.

    Le mensonge est certainement « la » virtuosité intellectuelle humaine. Mentir, c’est savoir qu’avec un mot, un scénario, une mimique, un sourire, une posture, je vais pouvoir modifier les représentations de l’autre et entrer dans son monde intime.

    C’est une performance intellectuelle extrême qui exige que moi, menteur, je puisse me représenter les représentations de l’autre. Pour cela, il faut non seulement que je sois très intelligent, mais surtout que je sois respectueux de l’autre. […] Mentir, c’est respecter l’autre.

    Source : “le mensonge est une preuve d’intelligence” , Boris Cyrulnik

    Je m’interroge également sur la question du mensonge en amour dans le cadre des relations polyamoureuses. Les adeptes du polyamour semblent dire qu’il n’y a rien de pire que le mensonge, que “tromper”, au sens commun du terme, n’est pas tromper si l’on dit la vérité à l’autre.

    Alors, pourquoi mentir en amour à votre avis ? Par respect ? Par manque de respect ? Par amour ? Par manque d’amour ?

    Membre Inconnu a répondu il y a 5 années, 6 mois 7 Membres · 11 Réponses
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  • Membre Inconnu

    Membre
    14 septembre 2018 à 19 h 53 min

    “Je vais pouvoir modifier les représentations de l’ autre et entrer dans son monde intime”
    Moi, j’ appelle ça de la manipulation, et dans ce cas, avec un objectif dédié à des fins personnelles.

    “Mentir, c’ est respecter l’ autre” ???
    Certes, on peut parfois avoir envie de faire des mensonges par omission, pour ne pas blesser l’ autre, mais je trouve quand même plus sain de ne pas mentir du tout, si l’ on veut une relation de qualité, sinon on est encore et toujours dans la représentation, alors que nous autres zèbres préférons l’ authenticité.
    Et puis, il y a l’ art et la manière de dire les choses …
    Sans compter que la souffrance qui peut découler d’ une vérité dite à l’ autre, ne nous appartient pas. Nous ne faisons pas souffrir l’ autre ( sauf dans le cas d’ une perversion), c’ est l’ autre qui peut parfois souffrir de cette vérité.

  • Membre Inconnu

    Membre
    15 septembre 2018 à 10 h 13 min

    bonjour @omkara et @olbius,
    Je voudrais complèter un peu ce qui a été dit par Boris Cyrulnik à ce sujet “Il est vrai que très souvent le mobile du mensonge est la protection. Si ma vie est en jeu, il suffit que je me taise pour la protéger […] J’ai donc également un droit de mensonge pour me protéger (c’est de la légitime défense) en manipulant les représentations de l’autre afin de les rendre conformes à mon désir”.
    Le sujet de l’article concerné par cette allocution était plus particulièrement la carrière professionnelle et Cyrulnik indiquait que de nombreuses personnes stipuent qu’ils ont de faux diplômes sur leur cv parce que la société nous demande de frimer et surcôte les titres. Ils mentent pour se calquer à cette réalité.

    Par contre au niveau de l’amour et du mensonge dans l’amour,Cyrulnik indique que la base de la vie en coupe présuppose que l’autre dit la vérité. Que mentir dans l’amour relève des 4 grandes familles de menteurs :
    1) la fausse vérité acceptable (je te mens pour ne pas te faire de la peine donc je choisis de ne rien te dire au cas où et pour ne pas te perdre),
    2) le déni (je refuse de me prendre en charge et de prendre en charge mes déviances ou qualifiées comme telles par la société donc je n’en fais pas cas et ne t’en parle pas)
    3)le menteur cynique (point de pathologie identifiée qui en fait un être méprisable car il abuse et manipule dès qu’il se sent en danger)
    4) le mythomane (éprouve un besoin impérieux de mentir pour répondre au mépris qu’il a de lui-même).

    J’ai une très bonne amie qui a violemment subi le mensonge dans l’amour. J’écris violemment parce que cela a été un vrai tsunami pour elle. Après 8 ans de vie commune avec un très haut potentiel (elle, elle a un qi légèrement supérieur à la moyenne ) elle a appris que son mari entretenait de multiples relations sexuelles , sans se protéger ni même préserver ses partenaires, elle compris. Il est thérapeute et trouve ses partenaires plus particulièrement l’exercice de son activité professionnelle. Dans l’irrespect totale de la relation praticien-patiente qui est empreinte d’une forme de dépendance de la patiente vis-à-vis du praticien, dépendance inhérente à la nature même de la relation. Or, pour être librement consentie, une relation sexuelle doit résulter d’un accord entre deux personnes sur pied d’égalité, en symétrie. Une personne en situation de dépendance n’est plus capable de s’engager librement et valablement sur le plan sexuel. Même si elle semble consentir, ce consentement n’est pas valable.
    Le mari de mon amie lui a expliqué qu’il fonctionnait ainsi depuis qu’il avait eu sa première relation sexuelle (18 ans) qu’il n’avait jamais pu se satisfaire d’une seule relation quelle qu’elle soit, qu’elle n’était pas en cause et qu’il avait pris le parti de ne rien lui dire par peur de la perdre…
    On peut douter de sa sincérité. On peut y voir l’exercice d’un égoïsme forcené : pas vu pas pris, je peux continuer à paraître ce que je ne suis pas et à faire ce que je suis.

    Mon amie a par la suite appris qu’elle avait un cancer transmis par voie sexuelle : ces fameuses cellules souches du papillonam virus qui peuvent être très très invasives et agressives (3 sur plus de 200 cellules souches du hpv qui circulent dans notre corps).

    Ce couple s’est séparé depuis un an. Ils ont essayé de mettre en place des actions pour leur permettre de passer au dessus de ce tsunami. Cela n’a pas fonctionné parce que lui n’a pas respecté les engagements qu’il avait lui même pris envers elle : ne plus mentir, se protéger avec des préservatifs en cas de relations hors mariage, faire table rase des relations du passé, ne pas mêler relations extra-conjugales avec son activité professionnelle ni même avec l’environnement familial.

    Elle est peut-être en meilleur forme que lui alors qu’elle a subi des traitements très dévastateurs pour lutter et guérir de son cancer (elle est en rémission depuis qu’ils se sont séparés). Il n’empêche, il lui est fort difficile depuis de faire confiance, de croire en l’autre et en l’amour que les personnes peuvent lui manifester.
    Lui, il vivote et se partage entre des phases de bouffées délirantes et des phases de maniaco-depressivité, refuse d’aller voir un thérapeute, clame que son haut potentiel est le responsable de sa façon d’être et de faire, qu’il n’y peut rien.

    Je trouve ça bien triste. Vu de l’extérieur il formait un couple magnifique. A présent, ils sont totalement détruits et désespérés l’un de l’autre.

  • Membre Inconnu

    Membre
    15 septembre 2018 à 14 h 49 min

    Bonjour à tous et à toutes,

    En prélude à tous les mots que je vais poser, par déroulé de ma relation avec le “mensonge”, de l’enfance, en m’attardant sur mon adolescence, ensuite en disséquant sa nécessité dans mon existence de “jeune fille”, vers la “jeune femme”, pour conclure sur la femme et la maman que je suis devenue.

    “Je me raccrochais aux mensonges auxquels je donnais vie ; eux-seuls veillaient sur ma propre survie. Les mensonges, un toit, un abri ; un ennemi transformé en ami pour échapper à mes bris de Vie”

    Mensonge, Ment et songe.

    Les songes qui mentent ; je mentais pour nourrir mes songes, je mentais pour transformer la réalité en un songe, que je savais mensonger dont le rêve me protégeait de ma propre réalité.

    je reprends donc l’ensemble de l’interview de Boris CyrulniK (que j’affectionne), dont olbius a extrait la substance “analysante”, en l’illustrant de ma propre expérience de ma relation avec le mensonge ; peut-être comprendrez-vous que contrairement aux apparences, le mensonge n’est pas toujours destructeur…il peut aussi être un protecteur, pour nous-mêmes et aussi pour les autres.

    Les mensonges sont des paysages, dont nous choisissons les couleurs en harmonie avec nous-mêmes, pour injecter de la beauté dans les paysages peints par les autres pour les mettre à l’abri de leurs propres blessures et illusions.

    Bien sûr, que je suis une menteuse ; une Vraie menteuse du mensonge qui protège et qui transforme la réalité pour préserver, accepter, comprendre et améliorer et pardonner à la vérité.

    Les mensonges sont des points de suture que notre instinct crée pour échapper à nos propres vérités et à leurs tortures.

    INTERVIEW

    La culpabilité, la honte et, surtout, la peur sont souvent des mobiles du mensonge, mais existe-t-il pour autant, dans certaines circonstances, un droit de mentir ou, plus encore, un devoir de mentir ?é

    Culpabilité illustrée : Je me suis toujours ressentie “coupable d’exister et d’être en Vie” de par mon histoire, ma naissance semble avoir brisé la Vie de ma mère et le cours de son existence ; mon arrivée en ce monde a été la source de tous les malheurs rencontrés au cours de sa Vie ?

    J’avais huit ans lorsqu’elle est venue m’enlever de l’orphelinat religieux au Portugal où elle m’avait abandonnée à ma naissance, elle avait 17 ans, j’avais 8 jours.

    Je me souviens de mon premier mensonge. J’avais quatre ans, à l’orphelinat, j’étais la plus jeune, la plus petite parmi les grandes qui ne quittaient les remparts qu’à l’âge de 21 ans. Je faisais le guet pour qu’elles puissent faire le mur.
    Interrogée par la mère supérieure, j’ai menti pour les protéger. Je savais que deux d’entre elles avaient escaladé ce mur pour aller à la découverte de l’extérieur et malgré tous les coups de règle, sur mes petits doigts, je n’ai pas dit la vérité. Je me suis réfugiée dans le silence.

    Retour en France, huit ans ; une journée d’école ordinaire, CE2 et surlignée de bleus.
    Honteuse, j’ai menti à Monsieur Bourrigau, mon instituteur. Comment aurais-je pu lui dire la vérité ?
    Je ne pouvais pas, je ne pouvais que lui mentir, en lui disant que je m’étais cognée, que j’étais tombée en lieu et place de “les coups pleuvent sur mes jours et me peignent de bleus spectre violet ; j’aime le violet, la couleur, même si elle me pend à mon collier de peurs.

    Je ne sais pas pourquoi je mets à nu mes mensonges, peut-être pour essayer de vous faire comprendre que le mensonge n’est pas toujours ce qu’il semble être…le mensonge peut être émouvant, il peut être désarmant, il peut être cousu d’enfance, de naïveté, de pureté, de délicatesse et d’intelligence inconsciente du Coeur.

    j’ai menti par culpabilité d’avoir survécu, j’ai menti par honte de ce ma mère me faisait subir, j’ai menti pour la protéger, j’ai menti pour imaginer ce que j’aurais Aimé créer, j’ai menti pour protéger les Êtres que j’Aimais, j’ai menti pour transformer la laideur en pardon.
    j’ai menti, oui, mais pas pour nuire, pas pour blesser, pas pour manipuler, j’ai menti pour espérer, j’ai menti pour pouvoir rêver, j’ai menti pour faire survivre mes valeurs, croyances, évidences et mon imagination de l’Aimer.

    Le mensonge n’est pas toujours nuisible, il peut être protecteur et préservateur, non pas pour pour détruire, mais pour préserver et protéger.

    Le mensonge n’est destructeur que de la confiance et de la vérité ; le mensonge peut être salvateur et protecteur lorsqu’il transforme ce qu’il sait, en espoir, en rêves, en compréhension, compassion et protection, non pas de nous-mêmes, mais des Êtres que nous Aimons.

    Boris Cyrulnik : D’emblée, vous me posez la question qui me plaît ! Oui, bien sûr, il existe un devoir de mensonge, puisque c’est une preuve d’empathie. Le mensonge est certainement « la » virtuosité intellectuelle humaine. Mentir, c’est savoir qu’avec un mot, un scénario, une mimique, un sourire, une posture, je vais pouvoir modifier les représentations de l’autre et entrer dans son monde intime. C’est une performance intellectuelle extrême qui exige que moi, menteur, je puisse me représenter les représentations de l’autre. Pour cela, il faut non seulement que je sois très intelligent, mais surtout que je sois respectueux de l’autre. Les pervers, les psychotiques ne mentent pas parce qu’ils se moquent des autres. Le pervers dit ce qu’il pense et, si c’est blessant, tant pis, aucune importance ; quant au psychotique, de toutes les façons, pour lui, l’autre n’existant pas, il dit ce qu’il pense sans se poser de question. En résumé, chez le psychotique, il n’y a pas du tout de représentations de l’autre et chez le pervers, il n’y a pas de respect des représentations de l’autre. Et mentir, c’est respecter l’autre. […] D’autre part, vous avez employé le mot « honte ». Il est vrai que très souvent le mobile du mensonge est la protection. Si ma vie est en jeu, il suffit que je me taise pour la protéger […] J’ai donc également un droit de mensonge pour me protéger (c’est de la légitime défense). en manipulant les représentations de l’autre afin de les rendre conformes à mon désir.3

    Souvent, le corps dément les paroles que l’on profère. Quels sont les signes les plus fréquents, les plus évidents qui nous trahissent ?

    A l’excessive sincérité, que nous avons évoquée, s’ajoutent un débit verbal suspect, des comportements troublants et des gestes qui nous échappent. […] Le menteur sait exactement ce qu’il veut dire puisqu’il ne cherche pas à dire le vrai. Le vrai, le réel étant toujours ambivalent, on cherche ses mots, on bafouille, on se reprend, etc. […] Alors que là pas du tout, la démonstration est impeccable. Ce type de débit verbal peut troubler, soit parce qu’il est trop fluent, la prosodie est trop belle ; soit parce qu’il s’agit d’un mauvais menteur, un mauvais comédien qui se recoupe, s’empêtre et que l’on dévoile rapidement. Cependant, même un bon menteur peut être dévoilé par certains comportements qui lui échappent. Soit il rougit légèrement, soit il peut avoir une mydriase des pupilles provoquée par l’émotion, et cela, il ne peut pas le contrôler. […]

    Somme-nous tous, à un degré ou à un autre, en proie à ce que l’on met sous l’enseigne du « se mentir » ?

    Oui, nous sommes contraints de nous mentir, nous avons un devoir de « se mentir ». C’est peut-être ce qu’on appelle l’identification. Moi, enfant de 6 ans, après avoir découvert que je suis un petit garçon, je découvre aussi que mon destin anatomique, social et peut-être psychologique ne sera pas le même que celui d’une petite fille. Je m’identifierai donc à mon père (et à tous les hommes que je vais voir) et j’essayerai de me différencier de ma mère (et de toutes les femmes que je rencontrerai). Cette perception sexuelle (c’est le terme psychanalytique) a un rôle constructeur et identificateur très important. […] Donc, je me rêve. Et j’ai le devoir de me rêver, puisque les rêves, le petit cinéma que je projette à l’intérieur de mon monde intime (je serai président de la République, chanteur ou champion de tennis) sont absolument nécessaires à la construction de mon identité. […] La rêverie est nécessaire ; c’est l’auto-mensonge nécessaire, le leurre nécessaire. Je suis obligé de me leurrer pour me donner une direction et peut-être pour donner sens à ma vie. […]

    Peut-on dire que le mensonge participe à la structure de la personnalité, et même la favorise ?

    Absolument. […] Comment des enfants abandonnés dans des situations innommables peuvent parfois s’en sortir ? Et bien, ceux qui s’en sortent sont ceux qui rêvent le plus, ceux qui se mentent le plus ! […] Quand ils ne savent pas où ils vont manger, quand ils risquent leur vie, quand ils sont pourchassés par la police […], ces enfants-là se sauvent grâce à l’auto-leurre, grâce au mensonge. D’ailleurs, ce sont des comédiens, des menteurs extraordinaires. Ils inventent des histoires folles ! […] Quand l’assistante sociale ou les policiers les attrapent (je pense aux enfants des rues de Bogota ou aux enfants abandonnés d’Algérie) ils leur servent alors la comédie de ce qu’attendent les « bien pensants » : le comportement socialement acceptable. Ils mentent comportementalement comme ils se sont mentis dans leur monde intime avec leurs rêveries, et ainsi ils se sauvent. […]

    En fait quelqu’un qui ne mentirait jamais ne serait-il pas plutôt considéré comme un inadapté social que comme un saint ?

    […] Mentir, c’est respecter l’autre, c’est ne pas lui faire de mal, mais c’est aussi le préparer tout doucement à la vérité quand il faut la lui dire. Lorsque j’étais jeune médecin, nous croyions qu’il fallait préserver les malades en ne leur disant pas la vérité. […] Mais ensuite la maladie évoluait, la famille n’avait pas pris ses dispositions et, en plus, on avait trompé le malade. Dès lors nous avons changé de stratégie […]. Par conséquent, maintenant certains disent la vérité comme on envoie un coup de poing dans la figure… Je l’ai vu… Dans ce cas-là, dire la vérité devient une forme de non-respect de l’autre. Il y a une attention à l’autre qui exige qu’on le mène à la vérité. […]

    Est-il exact que certains mensonges soient inoffensifs, voir utiles, quand d’autres sont nuisibles ? A terme, tout mensonge ne devient-il pas nuisible ?

    […] Si la société était juste, ceux qui seraient en bas de l’échelle sociale en arriveraient à la conclusion qu’ils sont à leur place de « sous-hommes » ! Il faut donc probablement laisser un espace de leurre et de mensonge afin de préserver la dignité de ceux qui sont vaincus, momentanément ou définitivement. Mais, à l’inverse, si nous ne vivions que dans le mensonge, nous ne pourrions pas mathématiser la nature (résoudre les problèmes de la nature). […] Les formules mathématiques ne sont pas plus ou moins vraies. Elles sont vraies ou elles ne le sont pas ! Une théorie est cohérente ou bien elle est absurde. Là on ne peut pas mentir… Et cette absence de mensonge, indispensable dans ce domaine, permet d’agir sur la nature et d’améliorer ainsi notre condition humaine. Toutefois, […] n’oublions pas que les espèces qui survivent sont justement celles qui sont mal adaptées à leur environnement, puisque c’est dans cette mauvaise adaptation que l’innovation devient possible. C’est pourquoi il est important de laisser une part de leurre, une part de mensonge, une part de comédie, de manière à pouvoir continuer d’inventer, éventuellement, d’autres sociétés. […]

    Vous disiez que l’art du mensonge est finalement le facteur d’une évolution de l’humain. Nous assistons pourtant depuis quelques années à une exigence, une euphorie même, d’authenticité, de besoin de vérité, de transparence, etc. N’est-ce pas alors le signe d’une possible régression ?

    C’est un signe de régression dans la brutalité […] Les femmes victimes d’inceste en parlent, en moyenne, quarante ans après… Et elles ont raison. […] Auparavant, elles se sont rendues suffisamment fortes pour enfin évoquer verbalement ce qu’elles ont subi. […] Pour y parvenir, entre autre, elles font des études. […] Personne ne parle du surinvestissement intellectuel de ces enfants après qu’ils aient été maltraités. Et pourtant, c’est très important car c’est ainsi qu’ils se sauvent… […] Si nous étions dans une société, dans une humanité, qui dit le vrai, ces enfants seraient définitivement enfermés dans des circuits pour débiles… ! En réalité, s’ils sont hébétés de malheur au départ, quelques années plus tard, quand ils ont un peu cicatrisé, ils reprennent alors leur évolution. C’est pourquoi il est capital de ne pas confondre vérité et brutalité. […]

  • Membre Inconnu

    Membre
    15 septembre 2018 à 18 h 03 min

    “Le céleste mensonge qui console n’est pas plus un mensonge que la cruelle vérité qui déchire n’est une vérité.”
    Adolphe d’Houdetot Extrait de : Dix épines pour une fleur (1853)

  • Membre Inconnu

    Membre
    15 septembre 2018 à 19 h 59 min

    Merci beaucoup @filledelair pour ce long message et ce paragraphe ci : “j’ai menti par culpabilité d’avoir survécu, j’ai menti par honte de ce ma mère me faisait subir, j’ai menti pour la protéger, j’ai menti pour imaginer ce que j’aurais Aimé créer, j’ai menti pour protéger les Êtres que j’Aimais, j’ai menti pour transformer la laideur en pardon.
    j’ai menti, oui, mais pas pour nuire, pas pour blesser, pas pour manipuler, j’ai menti pour espérer, j’ai menti pour pouvoir rêver, j’ai menti pour faire survivre mes valeurs, croyances, évidences et mon imagination de l’Ai
    mer.”

    Bien sûr que cela résonne par tous les pores de ma peau. Bien sûr que je mentirais aussi en pareil cas. Mais est-ce du mensonge ou de l’instinct de survie quand on vit au quotidien des situations comme celles décrite ? (je n’ai pas la réponse..je m’interroge)

    C’est une tentative d’auto-guérison de mentir de cette façon : la personne qui a mentit réecrit son histoire telle qu’elle la voudrait. Les mensonges de ce type nous permettent de nous procurer par l’imagination ce qu’il nous manque dans la réalité. Les mensonges “sont” comme des vérités sur nos peurs et nos espérences. Il faudrait peut-être (et moi la première) que tout un chacun nous puissions envisager le mensonge de cette manière pour comprendre ce que l”autre aimerait faire/ être/avoir.

    Une relation amoureuse repose sur le fait de donner et de recevoir, ainsi que sur la confiance, la vulnérabilité, les compromis, une communication honnête, le fait de s’ouvrir totalement à l’autre pour révéler ce qu’on est au plus profond… bref, sur une certaine perte de contrôle.

    Est-ce que c’est cette peur de perdre le contrôle qui pousse un menteur/euse a mentir, à travestir “la vérité” ou à se “travestir” derrière un comportement destructeur tant dans limage qu’il a donné jusqu’à présent à son compagnon, que dans les valeurs qu’il défend ou dans le lien d’amour construit ensemble.
    Le mensonge n’a t’il pas un impact plus dur lorsqu’il est mis à jour que les quelques mots qu’il aurait suffit d’avoir pour expliquer la peur qui nous a fait utiliser la voie du mensonge ?

    En tout cas vos messages m’ont beaucoup parlé (trop peut-être j’espère ne pas vous avoir saoulé), me parlent encore et me questionnent.

  • Membre Inconnu

    Membre
    16 septembre 2018 à 10 h 09 min

    Alors, pourquoi mentir en amour à votre avis ? Par respect ? Par manque de respect ? Par amour ? Par manque d’amour ?”

    Cette chanson d’Amour de Zazie me semble bien répondre à ces questionnements ;

    – Elle sait et se cache derrière ses “je ne sais pas”, par Amour
    – Elle respecte les mensonges qu’il lui raconte, par respect pour lui et pour leur Histoire (C’est toujours là, c’est toujours vrai).

    Elle SAIT “Sait-il combien je le connais” ?

    Et lui, pourquoi ne lui dit-il pas la vérité ? Pour ne pas lui faire plus de mal, par respect pour sa souffrance ?

    https://youtu.be/f7C9Uh40eno

  • Membre Inconnu

    Membre
    16 septembre 2018 à 11 h 28 min

    Ah lala! Que c’est beau et effrayant à la fois de devoir mentir à l’autre et/ou mentir à soi, par respect.

    Beau, car on panse (du verbe panser)les soucis des autres et on pense (du verbe penser) pouvoir les protéger. Mais qui nous a donné le droit de décider pour eux? De jouer d’eux ou de juger de leur niveau et/ou leurs capacités d’intégrer les situations, les faits et tout ce que cela suscite comme orage émotionnel et questionnements intérieurs chez eux?…..

    Effrayant, car dans ce cas (dans les relations amoureuses), le mensonge par respect sème l’ambiguïté dans laquelle vivent l’un et l’autre. Les personnes s’entretiennent, alors, dans des rapports qui n’évoluent pas, qui tournent en rond comme les pauvres aiguilles d’horloge, condamnées à la même destiné, où le mouvement de chacune d’elles est rythmé par dépendance à l’autre.

    Le problème avec le mensonge est que le menteur finit par croire à la version qu’il imagine de lui et de celles qu’il a monté de toute pièce des autres (auto conviction). Le pire, je pense, est d’en arriver à enterrer à force sa vraie identité et à générer des changement faussés et erronés chez l’autre.

    Certes, il y en a qui font des mensonges superficiels, d’autres en font des plus structurels voire existentiels. Je ne pense pas que le rapport est le même.

    Nous sommes d’accord que le mensonge est un art. Nous ne sommes pas tous habiles ni doués (fort heureusement) en la matière. Ceux qui le pratiquent, je pense, qu’ils l’ont développé, tout le long de leur vie, par besoin et nécessité. Il serait intéressant de savoir pourquoi (cette) personne fait appel au mensonge, et à quel point c’est gérable de vivre avec un ou une menteuse!!!

    Mais, pensez-y, combien ce doit être effrayant que dans une relation aussi proche (amoureuse) la personne (qui ment) reste au fond une parfaite “inconnue” pour la personne qui croit la connaître le mieux!!!

  • Membre Inconnu

    Membre
    16 septembre 2018 à 11 h 59 min

    @NA-ZA : en accord avec tes angles de vision ainsi qu’avec la question que tu soulèves :

    Mais qui nous a donné le droit de décider pour eux? De jouer d’eux ou de juger de leur niveau et/ou leurs capacités d’intégrer les situations, les faits et tout ce que cela suscite comme orage émotionnel et questionnements intérieurs chez eux?…..”

    Est-ce un droit ou ne serait-ce pas plutôt “un CHOIX” ? Mentir est un CHOIX conscient, cela me semble une évidence.
    Un mensonge reste un mensonge, même par omission ; mais à l’intérieur du domaine “mensonges”, nous pouvons commencer, pour essayer d’y voir plus clair, de le décomposer en deux branches :

    – les mensonges que nous nous racontons à nous-mêmes (Intérieur vers Intérieur)
    – les mensonges que nous disons aux autres (Intérieur vers Extérieur)

    Le mensonge n’a pas sa place dans une relation, qu’elle soit familiale, affective, Amoureuse, Amicale, professionnelle, sociale…

    Je pose à part, le mensonge protecteur, non pas pour se protéger soi-même, mais pour protéger les Êtres que nous Aimons.

    Je pense que les raisons pour lesquelles certaines personnes mentent effrontément ou sournoisement, leur ressemblent en fait ; l’art du mensonge n’existe pas ; je l’apparente plutôt à l’art de reproduction du FAUSSAIRE, de la contre façon de la réalité ; une laide transformation de la réalité-vérité en FAUX.

    Dans un couple, je ne peux même pas imaginer la présence du mensonge ; je pense que nous pouvons tout dire à l’Être que nous Aimons et qui nous Aime ; le socle du couple étant la confiance et l’authenticité, la sincérité, l’honnêteté…et le mensonge se situe aux pôles opposés de ces valeurs d’Aimer.

  • Membre Inconnu

    Membre
    17 septembre 2018 à 21 h 33 min

    Bonsoir,

    Je n’imagine pas non plus qu’il puisse y avoir mensonge dans un couple que la relation soit sérieuse ou “légère” à ceci près que pour cette dernière les conséquences seront peut-être moins importantes et dévastatrices que pour une relation sérieuse.

    J’ai deux enfants de deux hommes différents. J’ai vécu 12 ans avec chacun. Cela fera bientôt un an que je suis séparée du dernier, en procédure de divorce.

    Quand j’aime je ne sais pas faire à moitié, je ne sais pas ne pas me donner entièrement et d’autant plus cette fois là car j’ai vraiment eu l’impression de trouver mon âme soeur.

    Un être à part, comme moi, avec les mêmes ressentis, l’impression tous les deux de ne pas faire partie de ce monde, de ne pas y être intégrés , d’y être en souffrance et de passage….

    Pendant 8 ans notre vie a été faite de projets, de joies, de rires, d’insouciance. Nous avions 3 filles, j’ai pris un mi-temps pour assurer l’intendance de la maison et m’occuper des pépettes. Tout allait bien et en même temps il était parfois très mélancolique, introverti. Je me demandais souvent si cet état était dû à quelque chose que j’avais dit ou fait, nous passions de longues périodes sans faire l’amour et j’en souffrais beaucoup. Parfois je me sentais comme tiraillée, jalouse, ça devenait difficile à supporter.
    Il m’est arrivée à plusieurs reprises de lui demander s’il y avait quelqu’un dans sa vie et à chaque fois il a répondu par la négative.

    Et puis un jour j’ai appris par une tierce personne qu’il entretenait des relations sexuelles multiples hors mariage, sans protection lui non plus. Nous en avons beaucoup parlé, avons essayé de tout mettre à plat pour sauver notre couple. Mais ça n’a pas fonctionné. Je me suis sentie pire que salie d’autant que j’avais posé des questions pour libérer la parole si parole il y avait à liberer et rien, rien, juste un bloc de rien en face à moi.

    Lui m’a simplement dit qu’il ne pouvait s’empêcher d’aller voir tant qu’il ne se sentait pas en danger (danger de tomber amoureux apparemment), que je ne risquais rien et n’avais jamais été en danger (dans le sens où ses aventures étaient de toute façon choisies pour être sans lendemain).
    Et puis cela a été de mal en pis, il mentait de plus en plus et de plus en plus mal comme si la part d’ombre qui était sorti de l’ombre, de son ombre, avait anéanti tout ce qu’il y avait de joli, de doux, de beau en lui.
    Nous avons dégringolé, sans animosité, mais dégringolé et finalement nous nous sommes séparés l’an dernier. Nos deux aînées sont grandes et vaquent à leurs occupations et j’ai la garde de la plus petite.
    Depuis qu’il est parti de la maison il a tout fait pour casser les ponts entre elle et lui, ne l’appelle guère (une fois par mois les bons mois). Tous les deux nous sommes comme chien et chat depuis. Ma colère est immense, je n’arrive pas à pardonner, je reste sur ce goût amer de trahison.
    Au final, je crois que ce qui me sera le plus difficile à l’avenir sera de trouver/retrouver confiance en moi comme confiance en l’autre. Comment être sûr qu’il dit juste, qu’il dit vrai ?

    Il faut penser les mots et panser les maux…

  • anne77

    Membre
    18 septembre 2018 à 8 h 49 min

    Merci pour vos partages, vous livrez des tranches de vie qui m’ont bouleversé.

    Notre société humaine pourrait elle existe sans mensonge ?

    Qui n’a pas dit un jour à son hôte que le plat était bon ?
    Ou à l’amie (qui vous dit avoir mis des mois à le trouver) que son cadeau vous plaît ?
    Et nous-mêmes sommes-nous prêts à entendre toutes les vérités ?

    Pour le reste…
    Mentir pour se protéger ou protéger voilà qui me semble être utile tant que cela ne nuit pas à autrui…

    Pour le reste des menteurs (en dehors des mythomanes.)
    Mentir pour protéger son dysfonctionnement c’est un choix, le choix de la lâcheté.

    Mentir demande une intelligence suffisamment développée pour permettre à cet individu de réfléchir à sa problématique et chercher à se soigner !
    Son choix de mentir pour son confort personnel quitte à s’enfoncer davantage, en espérant que le pas vu pas pris fonctionne…

    Alors que faire de la tolérance ? Accepter d’être différent, et que certains soient des faibles, des lâches…
    Pouvons nous être simplement des juges ?
    Quel punition mérite un menteur ?
    Comment mesurer le préjudice subit ?
    Quel reconnaissance matériel peut soulager la peur de faire confiance à nouveau et le sentiment d’avoir vécu une “fausse vie” ?

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