A quoi aspirez-vous en amour?

  • Membre Inconnu

    Membre
    19 octobre 2018 à 14 h 46 min

    @irreelle

    Après si on est plus sur un mode passionnel par exemple c’est sur qu’on va davantage foncer sans réfléchir, se laisser emporter dans le tourbillon. Et souvent il y a des déconvenues d’ailleurs.
    Tout dépend du type de relation, de comment on décide de vivre les choses.

  • macco

    Membre
    19 octobre 2018 à 16 h 09 min

    Superbe question !
    Ca fait plus de 20 ans qu’elle me sert comme une boussole, que je me la pose régulièrement pour savoir où j’en suis.
    A 18 ans, j’étais en guerre contre une certaine idée du couple, cette idée moquée par Oscar Wilde quand il écrivait que c’est “ne faire qu’un, mais lequel ?”.
    Révolté par le comportement de mon père qui avait trompé ma mère et abandonné sa famille à plusieurs reprises, j’étais radicalement pour la sincérité en amour. Epouvanté par les nouveaux couples qu’ont faits mes parents par la suite, j’ai vu la vie en ménage comme une tombe : celle du désir, de l’attention à l’autre, du soin de soi et de son autonomie.
    J’ai donc considéré pendant un certain temps la non-cohabitation (j’ai besoin de mon espace) et la non-exclusivité amoureuse la solution que je vivais comme la moins enfermante. J’étais un grand amoureux, toujours passionné et paradoxalement condamné à ressentir un sentiment d’insécurité comme une plaie ouverte.
    J’aimais les femmes, j’étais pro-féministe et accordais une grande importance à la communication, la bienveillance, à l’échange intellectuel et au plaisir sensuel… jusqu’à ce que je tombe sur une femme très narcissique et manipulatrice. Ma vision du monde a volée en éclats. J’étais déjà en butte avec la croyance très répandue que pour qu’une relation (ou une société) fonctionne, c’était normal qu’il y ait des dominants et des dominés. Mais là… mon intelligence m’a joué trop de tours. Et en essayant de comprendre j’ai sombré davantage. Un poison mortel.

    Après une longue introspection (personnelle et thérapeutique) et des périodes de rechute, je peux dire qu’aujourd’hui j’aspire à une relation basée sur la bienveillance et le respect de l’autre (son corps, sa pensée, son histoire, ses attentes, ses limites, ses défauts). J’ai toujours besoin d’avoir mon espace, même si j’aime beaucoup la proximité et les élans de fusion.
    J’aime l’idée que chacun-e puisse avoir des ami-e-s à soi autant que ses occupations… et qu’on puisse en partager certain-e-s.
    L’érotisme partagé est très important pour moi. Je suis quelqu’un de très sensuel, aimant beaucoup caresser, masser (jusqu’à avoir fait une formation professionnelle dans le domaine), contempler, photographier et donnant beaucoup. J’ai toujours perçu la sexualité comme un terrain de jeu et d’exploration sans rapport avec les conventions. Être à deux, ça fait paradoxalement agrandir le champ des possibles, se raconter des choses en croisant deux imaginaires. Tant que l’autre est d’accord, c’est la fête !
    Je me sens sapiosexuel (j’ai appris ce mot en fréquentant d’autres zèbres). J’ai l’amour des mots, écrivant beaucoup quand je suis amoureux. Pour partager mes pensées, émotions et allumer le désir de celle que j’aime.

    J’aspire donc à rencontrer quelqu’un(e) à qui tout ça parlerait. Qui accepterait mes quelques défauts sans vouloir me changer et sans que je veuille la changer. Evoluer au contact l’un de l’autre, nous émerveiller ensemble du monde, sans chercher à combler nos failles mutuelles, en assumant chacun la responsabilité de notre passé et de nos parts d’ombre, sans chercher à rendre l’autre heureux/heureuse (exit le mythe du prince charmant… même si beaucoup de celles que j’ai aimées me trouvent romantique).
    Il y a enfin une phrase de Christian Bobin, que j’ai découverte il y a quelques mois et qui m’a touché en profondeur. Cette phrase qui sonne peut-être un peu triste pour la part de nous qui rêve de fusion, mais qui est un baume quand on a accepté l’idée qu’on ne peut être que soi.
    Cette phrase, c’est :
    “Aimer c’est prendre soin de la solitude de l’autre – sans jamais prétendre la combler ni même la connaître.”

    Je ne peux pas m’empêcher de mettre un commentaire sur l’idée d'”amour inconditionnel”. Avant, sans connaître ce concept je l’appliquais plus ou moins. Jusqu’au jour où en conflit avec moi j’ai regardé une vidéo d’Isabelle Padovani (cité dans certaines participations à la discussion) sur ce thème. J’étais à l’époque en couple avec une personne qui se servait de moi d’une manière toxique. Après ça j’ai décidé que mon amour serait conditionné par la bienveillance à mon égard de la personne en face. Sans quoi je ne peux plus lui faire le cadeau de ma présence.

    Un grand merci, Justine, d’avoir posé cette question !

  • Membre Inconnu

    Membre
    19 octobre 2018 à 18 h 41 min

    Mince, parfois je poste dans “groupe” à la place de “sujet”, et du coup ce n’ est pas toujours très simple à suivre …

    Je voulais vous partagez ce court échange avec mon fils de 11 ans qui était en train de se faire “draguer”, tout à l’ heure, par une belle bonde aux grands cheveux ondulés, qui tenait son chien en laisse.
    Moi : ” elle est jolie ”
    Lui : ” hum …faudrait voir l’ intérieur de sa tête aussi. Mais j’ aime bien son chien. ”
    (il m’ a bien fait rire )

    Je suis d’ accord avec toi @justine , tout dépend du type de relation que l’ on souhaite vivre.
    Et passion amoureuse rime plutôt avec … douleur, en fin de compte.
    Elans de fusion, et respect de la solitude de l’ autre ( comme le disait @macco), ça me parle aussi.
    Parce qu’ il faut bien l’ avouer, on est des Passionnés !
    A nous de faire avec, et de trouver l’ équilibre juste, pour chacun.

    Je vous souhaite le meilleur.

  • macco

    Membre
    19 octobre 2018 à 19 h 36 min

    @omkara : Salut ! Elle est géniale ton anecdote ! Ton fils fait preuve d’un grand pragmatisme ! “J’aime bien son chien.” J’ai failli en tomber de ma chaise !

  • macco

    Membre
    19 octobre 2018 à 20 h 02 min

    @irréelle : En relisant le fil je suis tombé sur ce passage de ta plume : “L’amour et la raison sont bien deux choses différentes. Et quand la raison s’en mêle, j’ai peur que l’amour fiche le camp. Il nous faudrait l’avis d’un philosophe sur la question !”
    Pour moi amour et raison ne sont pas du tout opposés. Dans la littérature et les arts, on a tendance à confondre passion et amour. La passion, c’est le feu qui brûle, désir et plaisir poussés à leur paroxysme, mais aussi le vertige de la chute, le manque déchirant causé par un sentiment d’incomplétude, d’amputation, les agonies répétées, l’obsession, la jalousie qui nous ronge, vouloir que l’autre nous appartienne, les ascenseurs émotionnels, le drame permanent…
    Un idéal de beauté en recherche d’intensité… La passion inspire des ouvres d’arts qui traversent les siècle. C’est beau à voir. Mais quant à souhaiter la vivre : c’est bon de se rappeler le sens du mot qui vient de la souffrance.
    Raison et passion sont donc opposées.

    Je ne vais pas me lancer dans une grande définition de l’amour. Ca serait trop ambitieux.
    Mais ce que mon expérience de la passion m’a fait comprendre, c’est que dans la passion il n’y a pas de vraie place pour la bienveillance. Dans l’amour, si.
    Dans certaines interventions j’ai eu du mal à saisir la limite entre “aimer” et “être amoureux”. Dans mon esprit, c’est assez différent. Mais je veux pas subvertir la discussion par trop de digressions.

  • irreelle

    Membre
    22 octobre 2018 à 18 h 59 min

    @macco : je parlais bien d’amour et de raison et non de passion et de raison.

    Pour moi, de manière schématique, la passion est dans le corps, l’amour est dans le cœur, la raison dans le cerveau. La raison peut nous mener à cibler des personnes qui ont une origine particulière, des loisirs communs, un niveau social etc. car on se dit que ça facilitera la relation. La raison est éducationnelle. Comme quand la raison nous fait choisir un métier qui nous permet de bien gagner notre vie, mais dans lequel on ne s’épanouit pas. Si on prend des risques en choisissant un métier qui nous plaît vraiment mais qui ne remplit pas forcément le porte-monnaie, c’est notre cerveau et notre raison que l’on doit calmer pour bien dormir, mais en même temps notre cœur est enthousiaste.

    L’amour se moque de tout ça. C’est l’union profonde de deux êtres entiers. C’est l’envie de partager alors que certaines choses peuvent nous opposer, c’est ce qui nous ouvre à l’autre dans la tolérance, quelques soient les circonstances.
    La raison -peut-être en ai-je une idée pervertie- est pour moi la petite voix qui dit : ne marche pas sous la pluie tu vas avoir froid, ou encore : ne lui sourit pas, tu ne le connais pas et tu ne sais pas quelles sont ses intentions, ou encore : ne t’habille pas comme ça, qu’est-ce qu’on va penser de toi ? lave toi les dents avant de dormir, remets de l’essence avant de tomber en panne… bref, c’est sociétal, c’est normatif, c’est froid, c’est logique et mathématique.

    La raison musèle notre joie de vivre et notre capacité à s’émerveiller. L’amour est spontané, c’est un élan du cœur. La raison est-elle un sentiment ?
    Si on arrive à me montrer qu’on peut mettre l’amour en équation, je veux bien réviser ma position 😉
    En tout cas ce n’est évidemment pas ce que je recherche… la raison certes, mais pas en amour. La raison pour raisonner et discuter, théoriser, etc. Pas pour faire ou être en amour.

  • Membre Inconnu

    Membre
    23 octobre 2018 à 20 h 13 min

    Que de beaux commentaires !!
    Pour ma part, trop jeune pour affirmer ce que je veux ou ne veux pas (ou trop inexpérimenté), mais je pense pouvoir dire qu’il est “préférable” d’avoir une relation saine basée sur la confiance, bcp de complicité c mieux, pouvoir se sentir tellement libéré ac l’autre qu’il n’y a aucune crainte à être soit même, être tout simplement bien…
    Bien-sûr ce n’est pas si simple, et heureusement c pourquoi il faut savoir se mettre à la place de l’autre, se comprendre et pardonner.
    Après il faut aussi garder sa liberté, sachant faire des compromis, voir des sacrifices, sans pour autant s’oublier.
    Aller je m’arrête là, ce qu’il faut retenir, “être Bien”…

  • flamup

    Membre
    24 octobre 2018 à 10 h 24 min

    @Justine s’il suffit d’invoquer alors allons-y 🙂

    @ macco tu as bien résumé une partie de ma vie affective, le fait d’avoir un environnement familial insécure de commencer en amour par un scepticisme puis de tomber sur des personnes toxiques.

    @zphi, @omkara, @irreelle, vos visions se complètent je trouve.

    Avant l’amour il y a les attentes faites de contre relations imaginées et d’aspirations personnelles, puis nous en conviendrons tous, quand il s’agit de concrétiser et de faire durer c’est là que ça se complique.
    Mais cela n’empêche de se projeter alors je me lance: en amour j’aspire à ce que les conditions propices d’un dépassement de soi se réunissent pour que chacun trouve sa place et puisse regarder au loin dans un projet commun.
    Mais cela demande de bien se connaître au préalable pour que cette liberté soit une quête d’inconnu plutôt qu’un défouloir de ses complexes comme j’ai pu le vivre auparavant.
    J’ai souvent vécu un décalage amoureux dans lequel au début chacun trouvait sa place puis au final l’autre m’écrasait pour se tailler une belle réussite personnelle et moi je me dépassais toute seule en apprivoisant la rupture.
    J’ai finit par être fataliste à me dire que je devais avoir fait le choix d’un sacrifice inutile qui me mènerait sur le chemin de la confrontation avec les choix de personnes néfastes à qui j’avais pardonné trop vite peut-être par peur en définitive.
    Puis aujourd’hui, j’ai cessé de pardonner à ces personnes, sans explications et je vis plutôt bien cette nouvelle vie où j’ai du temps pour faire le point et profiter de chaque instant en me confrontant à mes peurs (courir dans la forêt à 6h du matin parfois à la lampe frontale, découvrir des lieux historiques seule puis les faire découvrir ensuite à des personnes choisies qui savent apprécier de façon différente)

    Donc mon aspiration serait de rencontrer quelqu’un qui se confronte à ses peurs, comme communiquer sur ses émotions, intervienne avec bienveillance et ose prendre des risques.

    Question interessante 🙂

  • macco

    Membre
    25 octobre 2018 à 13 h 51 min

    @Ireelle : Merci pour ta réponse. Je l’ai relue J’ai lue plusieurs fois. L’opposition que tu fais entre raison et amour ne me parle pas. Pour moi la raison est une boussole et l’amour un état d’être, un élan ou une direction. Je ne peux donc pas les opposer. Trop complémentaires pour moi. Je préfère penser en termes de besoins.

  • Membre Inconnu

    Membre
    5 novembre 2018 à 1 h 28 min

    Je considère un peu le couple comment dire ,comme unis contre le reste du monde ;non pas dans le sens à s’isoler ou quelconque rapport de force mais plutôt l’autre devenant un soutien, une épaule et permettant ainsi de mieux appréhender le monde, de manière plus sereine.
    Enfin ça c’est la théorie 😉

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