Répondre à: Croyez-vous à l’existence de l’âme soeur ?

  • Membre Inconnu

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    29 avril 2021 à 5 h 16 min

    Pour répondre à cette question, il faudrait déjà définir les termes. J’en ai une excellente de l’âme sous la main à laquelle j’adhère, d’Edgar Morin (CNRS).

    Mais comme je vois ici qu’il y a confusion avec l’esprit, je commence par ça :

    “L’esprit comporte en lui le psychisme, notion qui porte en lui sa subjectivité affective. L’esprit humain émerge et se développe dans la relation entre l’activité cérébrale et la culture. Il devient l’organisateur de la connaissance et de l’action humaine. Il est généraliste, polycompétent, capable non seulement de résoudre mais aussi de poser des problèmes, y compris insolubles. […]
    Aussi, ce ne sont pas seulement le démon de la connaissance et le démon de l’action qui se sont emparés de l’esprit humain, ce sont aussi les démons de l’imaginaire et du mythe. Le démon de la connaissance nous dirige sur toutes choses inconnues, et il s’obstine sur les énigmes de l’univers et de l’existence. […] Le mythe commence également aux origines d’homo sapiens, il s’est inscrit dans les religions puis s’est transformé aux temps contemporains en aventure de l’idéologie. […]
    L’esprit humain est créateur mais a aussi développé des pouvoirs d’anéantissement. Comme il est à la fois génial et débile, il possède des capacités qui peuvent être terrifiantes s’il lui manque conscience et responsabilité. […]”

    “L’âme humaine émerge à partir des bases psychiques de la sensibilité, de l’affectivité ; en complémentarité intime avec l’esprit, animus, elle est anima. […] Elle n’a pas de frontières, elle n’a pas de fond, elle n’est pas localisable, ni même vraiment définissable. Autant, j’estime nécessaire de rétablir la priorité du cerveau, écartée par le spiritualisme philosophique, pour concevoir l’esprit ; autant j’estime nécessaire de réhabilité l’âme, chassée par l’objectivisme scientifique. […]
    L’âme est non perceptible par le regard fonctionnaliste et pragmatique. Elle se manifeste par le regard, par l’émotion du visage, et surtout à travers pleurs et sourires. Elle peut s’exprimer dans la parole mais son langage propre est au-delà du langage de prose. C’est celui de la poésie, c’est celui de la musique. […]
    L’âme est intuitive, elle ressent et pressent ; elle est sensibilité, douleur souvent. L’âme est ce qui souffre de douleur morale. Elle est aussi ce qui exalte au-delà de la joie, rayonne dans le bonheur, et peut connaître l’extase. L’âme peut faire de nous des sujets sensibles, compatissants, vulnérables, généreux, ouvert à autrui. Mais que d’êtres humains n’ont pu encore actualiser ses virtualités, pourtant inscrites en chacun de nous !
    Ces vertus que l’on croit premières, l’âme, l’esprit, sont des émergences, c’est pourquoi elles ne peuvent survivre à la mort, qui est désintégration de tout et dispersion de ses éléments.” (histoire de bien faire comprendre que l’âme immortelle est un mythe pour tenter tant bien que mal de mettre de côté l’angoisse de la mort).
    in : La méthode, tome 5 : L’humanité de l’humanité.

    Et j’ai l’habitude, pour faire sentir la différence, de dire : être dans un certain état d’esprit et avoir des états d’âme.

    Et “sœur”, ben, c’est plus une image qu’autre chose mais ça se ressent suffisamment pour pas que je m’étale.

    L’âme sœur, c’est donc quand on se sent proche, voire jumeau au niveau affectif, sensitif, etc. Ça donne des bonnes raisons d’y croire sans faire appel à je ne sais quel occultisme ou transcendance (qui pour le coup sont des mythes de l’esprit).

    Ça reste certes une sacrée quête. Et pour faire mon rabat-joie, la quête du Graal est une allégorie de la connaissance de soi. Se rechercher dans l’autre me paraît assez vain et stérile. Ressentir une connexion forte (même diffuse et pas évidente à appréhender) est déjà amplement suffisant, pour ma part.